(Kyiv) Plusieurs anciennes prisonnières ukrainiennes aux mains des Russes ont raconté mercredi des « conditions de détention inhumaines » et « horribles », quelques jours après avoir été libérées dans un échange avec la Russie.

Viktoria Obidina, Tetiana Vassyltchenko, Inga Tchikinda et Lioudmyla Gousseïnova ont en commun ces heures, ces jours, ces semaines ou encore ces mois passés comme prisonnières de l’armée russe, sans savoir précisément où elles se trouvaient.

Selon Mme Obidina, une infirmière militaire de 26 ans qui a passé cinq mois en captivité, les conditions de détention étaient « horribles », avec de la nourriture « dégoutante ».

Avec sa fille de quatre ans, la jeune femme est restée pendant des semaines dans les galeries souterraines de l’aciérie géante Azovstal à Marioupol (sud), devenue un symbole de la résistance ukrainienne.

Mme Obidina raconte qu’en mai, elle est parvenue à confier sa fille à une personne évacuée avant d’être emmenée elle-même en détention par les Russes.

Selon le témoignage de Mme Obidina sur sa captivité, les prisonniers dont elle faisait partie n’avaient le droit de sortir en promenade « que très rarement ». « On était entassées dans des cellules comme des sardines », raconte-t-elle encore lors d’une conférence de presse organisée à Kyiv.

Tetiana Vassyltchenko, une civile qui aidait l’armée ukrainienne dans le domaine paramédical, a elle évoqué la « pression psychologique » et les conditions « inhumaines » dans lesquelles elle a vécu des semaines : « Ils nous traitaient comme des criminels, nous humiliaient », se remémore-t-elle, déplorant aussi l’absence quasi-totale d’aide médicale.

Les quatre femmes mentionnent également l’absence d’accès aux médias ukrainiens, alors que, selon elles, leurs geôliers russes leur répétaient sans cesse : « L’Ukraine ne veut pas de vous ».

Difficile toutefois pour ces ex-prisonnières, libérées parmi cent huit femmes échangées mi-octobre, de mettre des mots sur tout ce qu’elles ont vécu. Les souvenirs sont encore trop frais, trop vivaces.

« Trop peu de temps s’est écoulé après la libération », se justifie de son côté Lioudmyla Gousseïnova, avant qu’Inga Tchikinda, née en Lituanie mais vivant en Ukraine depuis 25 ans ajoute : « Je ne peux dire rien de bon ». « J’ai perdu huit kilos » en détention, assure-t-elle, dénonçant aussi la malnutrition des prisonniers ukrainiens.

Toutes se souviennent pourtant très bien de leur libération, entre « larmes de joie » et « bonheur absolu » au moment de se savoir en territoire contrôlé par Kyiv.

Après huit mois de guerre dont plusieurs passés en prison, leurs envies sont différentes, entre celles qui veulent de nouveau aider les soldats au front, et celles qui, comme Inga Tchikinda, sont trop marquées pour prendre le risque à nouveau d’être détenue. « Je ne survivrai pas à une chose pareille une deuxième fois », affirme-t-elle.