Les conditions de vie des Roms demeurent préoccupantes dans plusieurs pays européens même si les autorités disent multiplier les efforts pour mieux les intégrer.

Un rapport de l’Agence des droits fondamentaux (FRA) de l’Union européenne (UE) dévoilé mardi souligne que les membres de cette minorité ethnique longtemps persécutée continuent de faire l’objet de niveaux « choquants » de discrimination et de marginalisation à l’échelle du continent.

Les travaux de l’organisation montrent que leur situation est demeurée largement inchangée dans de nombreux États depuis le dernier coup de sonde effectué en 2016 et que les objectifs d’étape adoptés dans le cadre d’un plan décennal de l’UE n’ont pu être atteints à plusieurs endroits.

« Ces conclusions soulignent à quel point les législations et les politiques européennes ne garantissent toujours pas les droits fondamentaux aux Roms » et les empêchent de « changer leur quotidien », a déploré dans un communiqué le président de la FRA, Michael O’Flaherty.

Le nouveau rapport repose sur près de 8500 entretiens menés en 2021 auprès de membres de la communauté répartis dans 10 pays du continent.

Discrimination, harcèlement et violence physique

Le quart des Roms interrogés ont indiqué qu’ils avaient été victimes de discrimination en raison de leur appartenance ethnique dans la période de 12 mois ayant précédé le sondage, un résultat pratiquement inchangé par rapport à 2016. L’objectif du plan décennal est de faire passer à terme ce chiffre sous la barre des 13 %.

La proportion de répondants disant avoir été victimes de harcèlement a diminué de 30 % à 17 %, une amélioration positive qui pourrait s’expliquer en partie, tempèrent les auteurs, par le fait que la pandémie de COVID-19 limitait les contacts sociaux.

Le nombre de Roms disant avoir été victimes de violence physique a reculé de 4 % à 1 % de 2016 à 2021, mais est demeuré très élevé dans certains pays, dont l’Italie, où un taux « alarmant » de 10 % a été enregistré.

Malgré l’importance de la problématique, seule une fraction minime des personnes victimes de discrimination ont porté plainte, une situation s’expliquant en partie par leur perception de la police. Près de 40 % des Roms font confiance aux forces de l’ordre alors que le taux correspondant est de 71 % dans la population générale.

En matière d’éducation, les écarts observés demeurent aussi considérables. Seul un Rom sur quatre âgé de 20 à 24 ans avait terminé ses études secondaires, un chiffre pratiquement inchangé par rapport à 2016 et qui est largement inférieur au taux de diplomation général, note la FRA.

Revenus et espérance de vie inférieurs

Un peu plus de 40 % des membres de la communauté rom âgés de 20 à 64 ans occupaient par ailleurs un emploi rémunéré, à temps plein ou à temps partiel, alors que l’objectif de l’UE est de porter ce chiffre à 60 %.

Ces résultats se reflètent dans les difficultés économiques des Roms, qui vivent dans 80 % des cas au sein de ménages disposant d’un revenu inférieur à la moitié du revenu médian du pays où ils sont installés. Le chiffre est aussi demeuré inchangé par rapport à 2016.

La gravité de la situation se manifeste aussi sur le plan de l’espérance de vie des membres de la communauté rom.

Les femmes roms vivent 71,3 ans, soit 11 ans de moins que la moyenne générale. Chez les hommes roms, l’espérance de vie est de 67,2 ans, soit 9,1 ans de moins que la moyenne générale.

Les membres du FRA s’inquiètent du fait que les efforts d’intégration post-pandémie requis pour corriger le tir puissent être compliqués par les répercussions de la guerre en Ukraine, qui alimente l’inflation et pousse nombre d’États européens à augmenter leurs dépenses militaires.

Les investissements en matière d’inclusion sociale risquent dans un tel contexte d’être négligés, prévient l’organisation européenne, qui invite les autorités à adopter des mesures mieux ciblées pour ultimement venir à bout de la « situation intolérable » des Roms.