Écosse Trois candidats pour remplacer la première ministre Nicola Sturgeon

(Édimbourg) Trois candidats sont en lice pour remplacer la première ministre Nicola Sturgeon en Écosse après sa démission surprise de la tête du parti indépendantiste SNP, un scrutin particulièrement important pour l’avenir du Royaume-Uni.

Le SNP a officialisé vendredi les candidats : la ministre locale des Finances Kate Forbes, 32 ans, dont les récents propos sur le mariage gai ont suscité de vives réactions dans son parti ancré à gauche, le ministre local de la Santé Humza Yousaf, 37 ans, premier musulman membre du gouvernement écossais, et Ash Regan, 48 ans, ancienne ministre qui avait démissionné en 2022 car opposée au projet de loi controversé sur les transitions de genre.

Nicola Sturgeon, 52 ans, au pouvoir depuis 2014 et dont l’objectif depuis toujours était l’indépendance de l’Écosse, a annoncé qu’elle jetait l’éponge le 15 février, expliquant qu’elle n’avait plus l’énergie nécessaire.  

À l’issue d’une brève campagne, un vote interne au SNP décidera de son successeur, qui sera annoncé le 27 mars.

Nicola Sturgeon reste en poste durant la transition.

Les trois candidats ont promis de reprendre le flambeau pour l’indépendance.

« Priorité immédiate »

Vendredi, Humza Yousaf a assuré qu’il serait « un premier ministre pour toute l’Écosse », de s’attaquer à l’inflation record et d’utiliser « tous les talents du parti pour parvenir à l’indépendance ».  

Dans un courrier à l’adresse des « partisans de l’indépendance » sur Twitter, M^me Regan a promis « une » Convention sur l’Indépendance « dès le 1^er jour, expliquant que l’indépendance était “ une priorité immédiate ”.

Après l’échec du premier référendum sur la question en 2014, M^me Sturgeon souhaitait un second référendum, ce à quoi Londres s’est fermement opposé. Elle voulait faire des élections locales en 2026 un référendum de facto pour ou contre l’indépendance, un choix controversé jusqu’au sein de son parti, alors que les sondages montrent un électorat très divisé, avec un léger avantage pour le « Non » à l’indépendance.

Cette question a cependant été éclipsée ces derniers jours par les déclarations de Kate Forbes, membre de l’église libre d’Écosse, minorité issue de l’église presbytérienne, qui a déclaré que si elle avait été membre du parlement écossais en 2014 elle aurait voté contre le mariage gai et n’aurait pas davantage voté en décembre le projet de loi sur les transitions de genre. Elle a aussi déclaré que selon sa foi, avoir des enfants hors mariage était « mal ».  

Plusieurs élus au Parlement local de Holyrood lui ont retiré leur soutien, mais elle a refusé de quitter la course.  

Vendredi, elle a mis en avant sa « vision » de « tolérance » pour l’Écosse, dans une tribune publiée par The Times. Elle y prêche une « nouvelle vision radicale […] centrée » sur l’économie « .

Selon un sondage vendredi, elle est la mieux placée avec 28 % de soutien parmi 1001 Écossais sondés ayant voté SNP en 2021. 20 % lui préfèrent Humza Yousaf, M^me Regan est à 7 %. La course reste très ouverte, 31 % des sondés n’ayant pas arrêté leur position.

Selon ce sondage, 65 % pensent que la priorité immédiate du nouveau premier ministre écossais devra être la crise du coût de la vie et des services de santé (58 %) loin devant l’indépendance (30 %), même si 61 % souhaitent un référendum d’autodétermination dans les deux ans.  

Humza Yousaf, l’actuel ministre de la Santé, est perçu comme le candidat de la continuité et met en avant son expérience au sein du gouvernement écossais. Il a engrangé le plus de soutiens des députés SNP.

Succès électoraux

Le scrutin est très important pour l’avenir du Royaume-Uni, dont les divisions entre les quatre nations constitutives (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) ont été aggravées par le Brexit.

L’annonce choc du départ de Nicola Sturgeon a laissé un immense vide. En huit années au pouvoir — un record —, la dirigeante arrivée après la victoire du « Non » en 2014 avait réussi à relancer son camp défait et accumulé les succès électoraux.

La cause indépendantiste a été relancée par le Brexit, auquel s’étaient opposés 62 % des Écossais, le SNP voyant une rupture avec Londres comme le moyen de revenir dans l’Union européenne.

Le gouvernement local écossais est compétent sur de nombreux sujets dont l’éducation, la santé et la justice. L’Écosse compte 5,5 millions d’habitants.