(Athènes) « Appelle-moi quand tu arrives ». Ce message envoyé par de nombreuses mères grecques à leurs enfants lorsque ceux-ci voyagent, est devenu le slogan des manifestants en colère après la collision ferroviaire qui a fait 57 morts, dont de nombreux jeunes.

Dans les cortèges qui ont défilé dans tout le pays mercredi, des banderoles affichaient cette phrase qui s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux dans les heures qui ont suivi l’accident de train le 28 février au soir.

À Athènes, des jeunes en colère ont également scandé : « Envoie-moi un message quand tu arrives. Tu n’es jamais arrivé. Nous allons te venger, petit ».

En raison de la rapidité de la diffusion du message « Appelle-moi quand tu arrives », certains tentaient la comparaison avec « I can’t breathe », le slogan apparu aux États-Unis après la mort en mai 2020 de l’Afro-Américain George Floyd, étouffé sous le genou d’un policier blanc.  

Beaucoup de Grecs se sentent aussi humiliés par le déclassement social brutal qu’ils ont subi durant la crise financière (2008-2018) et leur colère a été ravivée par la catastrophe ferroviaire.  

Dans un pays où la famille est un marqueur fort de la société, « Appelle-moi quand tu arrives » résume « la mentalité des parents en Grèce, en particulier de la mère qui s’inquiète de savoir si son enfant va bien », explique Pinelopi Horianopoulou, une employée municipale, mère de deux enfants, rencontrée mercredi dans la manifestation athénienne.

PHOTO GIANNIS PAPANIKOS, ASSOCIATED PRESS

Dans les cortèges qui ont défilé dans tout le pays mercredi, des banderoles affichaient cette phrase qui s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

« C’est le message que toutes les mères de Grèce envoient », renchérit Giota Tavoulari, 58 ans, du syndicat des pharmaciens. Ce slogan est « repris partout car il est assez significatif : ces enfants ne reverront pas leurs familles parce que des gouvernements, des entreprises n’ont pas pris soin » des systèmes de sécurité ferroviaire.

Dans de nombreux établissements scolaires ces derniers jours, des élèves du primaire, des collégiens et des lycéens ont disposé sur le sol des dizaines de sacs à dos de manière à former ce message « pare me otan phtasis », « appelle-moi quand tu arrives » parfois décliné aussi en « envoie-moi un message quand tu arrives ».

De nombreuses victimes de cette « tragédie nationale » comme l’ont qualifiée les autorités grecques, étaient des étudiants rentrant à Thessalonique, la grande ville universitaire du nord du pays, après un week-end prolongé.

Des médias grecs ont affirmé que ce message était parti du témoignage d’une mère de victime assurant avoir reçu un coup de fil de son fils de 23 ans qui voyageait à bord du train Athènes-Thessalonique.    

« Maman, il y a trop de monde dans le train. Je n’ai jamais vu un train aussi bondé. Je t’appelle quand on arrive, viens me chercher », a dit ce jeune homme selon le site d’informations magazines LIFO.

À Patras, une ville universitaire du Péloponnèse (sud-ouest), les protestataires ont placé en tête de cortège une installation ressemblant à un cercueil surmonté de ballons noirs et cette affichette. « Maman, je suis arrivé ».