(Londres) Des centaines de milliers de personnes, enseignants, conducteurs du métro londonien, médecins, fonctionnaires, étaient en grève au Royaume-Uni mercredi afin de réclamer des augmentations de salaire, le jour même où le gouvernement conservateur a dévoilé son budget.

Il s’agit, selon les médias britanniques, de la plus importante journée d’action depuis plusieurs années. Le pays fait face à une vague de mouvements sociaux depuis des mois alors que l’inflation reste au-dessus de 10 %. Les Britanniques sont confrontés à une flambée des prix de l’alimentation et de l’énergie.

À Londres, le métro était à l’arrêt, les conducteurs du « Tube » ayant cessé le travail. Les stations sont restées fermées.  

Les enseignants, en grève en Angleterre, poursuivront leur mouvement jeudi. Des milliers d’entre eux ont manifesté à Londres en milieu de journée.

Face à l’insuffisance des propositions du gouvernement, bien inférieures à l’inflation qui dépasse les 10 %, beaucoup quittent la profession à un rythme « alarmant », a déclaré à l’AFP Kim Allen, une enseignante de Londres, et « on a l’impression que le message n’est pas passé ».

« On en a littéralement ras le bol de la manière dont on est traités », « on se rassemble pour dire au gouvernement qu’on est sérieux », a-t-elle ajouté, dans une marée de drapeaux de syndicats à Trafalgar Square.

Les médecins hospitaliers, qui ont démarré leur action lundi, n’ont pas repris leurs postes et se sont joints à la manifestation.

« Insulte »

Au moment où le ministre des Finances Jeremy Hunt a présenté son budget au Parlement, des fonctionnaires ont manifesté devant Downing Street, avec tambours et sifflets. « Qu’est-ce qu’on veut ? 10 % ! Quand est-ce qu’on le veut ? Maintenant ! », ont scandé les manifestants.

Jil Gant, une femme de 59 ans qui travaille pour le service pénitentiaire, a qualifié d’« insulte » les 2 % d’augmentation proposés par le gouvernement. « Il est temps que le gouvernement écoute ce que nous avons à dire », a-t-elle déclaré à l’AFP.  

« Nous voyons en ce moment la plus importante vague de grèves au Royaume-Uni depuis des années. Les gens ordinaires disent : “Nous en avons assez” », a déclaré Mark Serwotka, le secrétaire général de PCS, le premier syndicat du secteur public.

« Au Royaume-Uni, nous avons la législation antisyndicale la plus sévère qui soit, il est très difficile d’organiser une grève », a-t-il dit à l’AFP. « Le fait que tant de gens soient en grève me rend optimiste sur le fait que nous puissions gagner ».  

Des dizaines de milliers de fonctionnaires sont contraints d’aller dans les banques alimentaires alors que d’autres doivent « sauter des repas », avait-il dit plus tôt sur Sky News.

« C’est un véritable scandale […] C’est la honte pour le gouvernement d’avoir un tel niveau de pauvreté dans le service public », avait critiqué le syndicaliste, en soulignant que des fonctionnaires « doivent désormais demander des aides sociales ».

Lors de la présentation du budget mercredi, Jeremy Hunt a évalué à 94 milliards de livres (157 milliards $ CAN) sur deux ans les mesures gouvernementales mises en place pour le pouvoir d’achat.

Le gouvernement a notamment annoncé le prolongement pour trois mois du plafonnement des prix de l’énergie pour les ménages, qui aurait dû augmenter au premier avril.

Jeremy Hunt a également annoncé une prolongation pour douze mois du gel de la taxe sur le carburant.

Dans un entretien à la BBC, le ministre s’est dit ouvert à « proposer plus (d’argent) » aux agents publics « mais nous ne ferons rien qui contribue à maintenir l’inflation à un haut niveau », a-t-il ajouté.