(Kramatorsk) Les habitants de Kramatorsk ont déposé samedi des fleurs sur un mémorial à la gare Centrale de cette ville du Donbass où une frappe de missile russe avait fait 61 morts il y a un an alors que des milliers de civils s’y pressaient pour fuir la guerre en Ukraine.

Le 8 avril 2022, le bombardement avait également fait plus de 160 blessés parmi la foule qui s’était rassemblée dans cette gare pour être évacuée, l’une des attaques les plus meurtrières ayant visé des civils fuyant l’avancée des forces russes.

« Ma proche amie, sa fille et leur chien sont morts. Que peut-on dire de plus », confie en larmes à l’AFP Tetiana Syshchenko, 67 ans. Elle-même a failli être tuée dans le bombardement.

Des habitants s’approchent une petite plaque commémorative recouverte de fleurs et de jouets pour enfants. Ils font le signe de croix, restent debout, s’agenouillent ou pleurent.

Quelque 4000 civils s’étaient massés il y a un an dans ce nœud ferroviaire pour être évacués par train lorsque la gare a été frappée par un missile Totchka-U qui selon les experts était porteur d’armes à sous-munitions.

PHOTO HERVE BAR, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Quelque 4000 civils s’étaient massés il y a un an dans cette gare pour être évacués lorsque le bâtiment a été frappé par un missile russe.

Arrivant sur les lieux peu après l’attaque, des journalistes de l’AFP avaient vu au moins 30 corps dans des sacs mortuaires. Le sol ensanglanté était jonché de bagages éparpillés, d’affaires pour les enfants et de nourriture.

Moscou a nié toute implication dans cette attaque, affirmant que les forces russes ne prenaient pas pour cible les civils et qu’il s’agissait d’une « provocation ».

Les collègues de Sergiy Kupochka, employé municipal de 57 ans, distribuaient de la nourriture et de l’eau aux personnes attendant d’être évacuées lorsque le bombardement a eu lieu.

« L’un de nos employés est mort ici », raconte-t-il à l’AFP, exprimant sa peine.

Andriy Yermak, chef de cabinet du président Volodymyr Zelensky a déclaré sur les réseaux sociaux que « les terroristes russes » étaient responsables de l’attaque et que les « criminels de guerre devaient être punis ».

Retour de 31 enfants emmenés illégalement en Russie

Trente et un enfants sont rentrés en Ukraine après avoir été emmenés illégalement en Russie depuis des territoires occupés par Moscou, a annoncé samedi sur les réseaux sociaux l’ONG Save Ukraine.

« Aujourd’hui, nous accueillons chez eux 31 enfants de plus qui avaient été illégalement emmenés par des Russes depuis des territoires occupés », a écrit Mykola Kuleba, un responsable de l’ONG.

Ces enfants avaient été emmenés en Russie depuis les régions de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine) et de Kherson (sud), a détaillé l’association dont la mission principale est de combattre ce qu’elle qualifie de « déportations » d’enfants ukrainiens.

Selon l’ONG, les enfants portant valises et sacs ont traversé la frontière à pied vendredi, avec des proches, puis sont montés dans un bus pour poursuivre leur voyage.

Mykola Kuleba a salué les « mères héroïques » venues chercher leurs enfants et déclaré qu’il s’agissait de la « plus difficile » des missions qu’a eu à mener l’ONG jusqu’alors.

Une femme âgée qui devait ramener deux petits-enfants est morte à cette occasion de « stress », a-t-il déploré, précisant sur Facebook que les femmes ukrainiennes avaient été soumises par les services de sécurité russes (FSB) à un « interrogatoire de 13 heures ».

Les autorités de Kyiv estiment que plus de 16 000 enfants ukrainiens ont été « enlevés » et emmenés en Russie depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, et beaucoup auraient été placés dans des foyers d’accueil.

Moscou nie ces allégations, affirmant avoir « sauvé » des enfants ukrainiens en les éloignant des combats et avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles.

Le 17 mars dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt historique contre le président russe Vladimir Poutine, « présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale » de mineurs ukrainiens « des zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie ».

Le tribunal basé à La Haye a aussi émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Maria Lvova-Belova, la commissaire russe à l’enfance, pour des motifs similaires.