(Moscou) L’opposant russe Vladimir Kara-Mourza, accusé notamment de haute trahison et qui encourt 25 ans de prison, a dit lundi être « fier » de son engagement politique, lors d’une déclaration dans son procès, emblématique de la répression tous azimuts en Russie.

Évoquant ses prises de position contre l’offensive russe en Ukraine et contre Vladimir Poutine, M. Kara-Mourza a dit « souscrire à chaque mot de ce que j’ai dit et de ce qui m’est reproché dans cette accusation ».

« Non seulement je ne me repens pas de tout cela, mais j’en suis fier », a-t-il ajouté lors de cette dernière déclaration de l’accusé avant l’énoncé de la peine par le tribunal et publiée sur Telegram par le journaliste Alexeï Venediktov.

« Je ne me reproche qu’une chose […] je n’ai pas réussi à convaincre suffisamment de mes compatriotes et d’hommes politiques de pays démocratiques du danger que le régime actuel du Kremlin représente pour la Russie et pour le monde », a-t-il ajouté.

Le Parquet russe a requis la semaine dernière 25 ans de prison contre cet opposant dans le cadre de ce procès qui se déroule à huis clos.

Vladimir Kara-Mourza est visé par trois graves accusations : « haute trahison », diffusion de « fausses informations » sur l’armée russe et travail illégal pour une organisation « indésirable ».

En détention provisoire depuis avril 2022, M. Kara-Mourza est un opposant de longue date à Vladimir Poutine. Il a failli mourir après avoir été, selon lui, empoisonné à deux reprises, en 2015 et 2017, des tentatives d’assassinat qu’il attribue au pouvoir russe.

Selon son avocat Vadim Prokhorov, l’opposant souffre de polyneuropathie et de pathologie neuromusculaire, conséquence des deux empoisonnements.

Malgré les pressions croissantes contre les opposants, M. Kara-Mourza avait refusé de quitter la Russie : avant son arrestation, il était l’un des derniers détracteurs connus du Kremlin à ne pas avoir fui ou à ne pas avoir été emprisonné.

« Je sais aussi qu’un jour viendra où les ténèbres qui recouvrent notre pays se dissiperont […] quand ceux qui ont instigué et déclenché cette guerre (en Ukraine) seront qualifiés de criminels, et non ceux qui ont essayé de l’arrêter », a encore dit l’opposant lors de sa déclaration.