(Pristina) Quatre policiers kosovars ont été arrêtés mardi soir pour leur implication présumée dans un incident lors duquel un Serbe a été blessé par balle à proximité d’un poste de contrôle, au moment où Belgrade et Pristina négocient un nouveau plan de normalisation de leurs relations, a-t-on annoncé de source officielle.

« Quatre policiers ont été arrêtés et placés en détention pendant 48 heures », a écrit sur Facebook le ministre kosovar de l’Intérieur Xhelal Svecla.

Un des quatre policiers est soupçonné d’avoir été directement impliqué dans cet incident, alors que tous les quatre sont soupçonnés de ne pas en avoir informé leur hiérarchie, selon la même source.

L’homme qui a essuyé des tirs, un Serbe de 38 ans, a déclaré à la télévision publique serbe (RTS) avoir été blessé lundi soir au volant de sa voiture, juste après être passé par un poste de contrôle des forces spéciales de la police kosovare, mis en place sur une route dans le nord du Kosovo, région où vivent beaucoup de membres de la minorité serbe.

Blessé à l’épaule, il a été opéré dans un hôpital dans la partie majoritairement serbe de la ville divisée de Mitrovica, a déclaré le directeur de cet établissement, Zlatan Elek.

Selon le ministre de l’Intérieur, le chauffeur a ignoré les appels des policiers lui intimant de s’arrêter. « Le policier a ensuite ouvert le feu dans la direction de la voiture, blessant le citoyen M. J. », a précisé M. Svecla.

Dans un premier temps, la police kosovare avait indiqué mardi matin que ses membres n’étaient pas impliqués dans l’incident, avant de diffuser dans la soirée un autre communiqué pour dire qu’ils avaient été suspendus.

Un incident similaire a eu lieu sur la même route en janvier.

Un responsable du gouvernement serbe chargé du Kosovo, Petar Petkovic, a dénoncé cet incident, en affirmant qu’il s’agit d’un « poste de contrôle complètement illégal ».

Les tensions sont fréquentes depuis novembre dans le nord du Kosovo où beaucoup de Serbes refusent toute loyauté à Pristina, avec les encouragements de la Serbie qui ne reconnaît pas l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province.

Des centaines de Serbes, dont des élus, des policiers, des juges et des procureurs, employés dans les structures du Kosovo dans le nord, ont démissionné en novembre pour protester contre la décision – suspendue depuis – d’interdire aux Serbes du Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation délivrées par la Serbie.

Cette mesure de Pristina s’inscrivait dans ses tentatives visant à asseoir sa souveraineté sur la totalité du territoire, dont la population de 1,8 million d’habitants est majoritairement d’origine albanaise. La communauté serbe compte environ 120 000 personnes.