(Kyiv) Le parquet russe a indiqué jeudi avoir entamé l’examen d’une vidéo virale montrant un individu russophone en uniforme décapiter au couteau une personne qui semble être un prisonnier de guerre ukrainien, images qui ont provoqué le choc et la colère en Ukraine et en Occident.  

« Afin de déterminer l’authenticité de ce contenu et tirer les conclusions (judiciaires) qui s’imposent, (la vidéo) a été transmise aux organes d’investigation pour examen », a indiqué le bureau du procureur sur sa chaîne Telegram.  

Cette décision est une étape préliminaire qui peut déboucher, ou non, sur l’ouverture d’une enquête criminelle.

L’annonce du parquet est néanmoins inhabituelle, la Russie démentant d’ordinaire immédiatement, systématiquement et en bloc les accusations de crimes de guerre portées contre ses troupes en Ukraine, comme les exécutions sommaires de Boutcha.

Mercredi, après que Kyiv a accusé des membres des forces russes de la décapitation, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait qualifié les images d’« horribles », mais a estimé que leur « authenticité » devait encore être établie.

Le Parquet russe, dans son communiqué, relève que les images semblent avoir été filmées « en été », laissant donc entendre que la scène aurait pu se dérouler en 2022.

La vidéo qui dure une minute et quarante secondes circule depuis mardi. Sur celle-ci, un homme en camouflage, le visage masqué, tranche le cou d’un autre homme en uniforme se débattant au sol en hurlant « ça fait mal ».  

Au bout de quelques secondes, les cris cessent et on entend un homme derrière la caméra incitant en russe le bourreau à « couper la tête » de la victime. Ce dernier finit sa décapitation au couteau, et montre la tête tranchée à la caméra.

Les tortionnaires ont aussi montré un gilet militaire de leur victime, frappé du trident ukrainien.

Le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, a rejeté jeudi des accusations formulées la veille par une ONG et un déserteur de son groupe qui affirmaient que les bourreaux du soldat ukrainien étaient des membres de Wagner.

« C’est du grand n’importe quoi, ça ne correspond pas à la réalité », a dit M. Prigojine, dans un commentaire audio publié par son service de presse sur Telegram.  

Un commandant ukrainien, rencontré jeudi par l’AFP près de la ville de Bakhmout dans l’est du pays, a de son côté affirmé avoir regardé la vidéo et estimé qu’elle permettrait à ses hommes de savoir ce qui leur arriverait s’ils étaient capturés par les Russes.

« Ce n’est pas une guerre civilisée. Nous combattons contre un ennemi qui n’a pas d’âme », a lancé ce militaire du nom de guerre de « Jeleziaka », depuis un sous-sol près de la ligne de front.

« Nous sommes préparés, sans hésitation, à tuer. C’est notre tâche. Mais nous ne pouvons pas faire cela » (de telles atrocités, NDLR), a-t-il dit. « Si l’on fait la même chose qu’eux, alors nous deviendrons des monstres comme eux », a-t-il ajouté à l’AFP.