Les transferts forcés d’enfants ukrainiens vers la Russie relèvent du « génocide », a estimé jeudi le Conseil de l’Europe, dans une résolution adoptée par son Assemblée parlementaire qui réunit des députés de 46 pays.

« Les preuves documentées de cette pratique correspondent à la définition internationale du génocide », a indiqué dans un communiqué le Conseil de l’Europe, après le vote du texte qui « exige » le rapatriement des enfants.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué une décision « importante » qui aidera à « amener la Russie et ses responsables à rendre des comptes ».

« La déportation des enfants ukrainiens est l’un des éléments réfléchis de la tentative de la Russie d’effacer l’identité de notre peuple, de détruire l’essence même des Ukrainiens », a-t-il déclaré dans son discours du soir.

Le 17 mars, la Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour ces déportations. Le tribunal basé à La Haye a aussi lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Maria Lvova-Belova, la commissaire russe à l’enfance.

Kyiv estimait début avril que plus de 16 000 enfants ukrainiens ont été « enlevés » et emmenés en Russie depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, et que beaucoup auraient été placés dans des foyers d’accueil.

Selon la résolution adoptée jeudi, il existe « des preuves » que les enfants expulsés ont été confrontés à un processus de « russification » par la rééducation dans la langue, la culture et l’histoire russes.

Ces transferts sont « clairement planifiés et organisés de manière systématique » en tant que politique de l’État et ont pour objectif « d’anéantir tout lien et toute caractéristique de leur identité ukrainienne », selon le texte.

Le Conseil de l’Europe a également demandé que l’ONU et la Croix-Rouge aient accès à la Russie pour recueillir des informations sur les enfants expulsés, et a exhorté les États à recueillir des preuves des crimes – y compris le génocide – qui ont pu être commis.

La convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) mentionne le « transfert forcé d’enfants » parmi ses critères de définition.

À la suite de son invasion de l’Ukraine, la Russie a été expulsée du Conseil de l’Europe, organisme qui sert de vigie des droits des humains sur le continent.