(Moscou) Un train de marchandises russe a déraillé mardi après la déflagration d’un engin explosif, le second en deux jours, alors que les actes de sabotage se multiplient.   

La Russie et la Crimée annexée sont la cible d’une série d’attaques que Kyiv, qui a récemment affirmé que ses préparatifs en vue d’une contre-offensive touchaient à leur fin, n’a cependant pas revendiquées.

En quatre jours, des engins explosifs ont fait dérailler deux trains de marchandises et endommagé une ligne à haute tension dans la région de Leningrad (nord-ouest), une attaque de drones a provoqué un énorme incendie dans un dépôt pétrolier en Crimée annexée et une frappe ukrainienne a fait quatre morts dans la région de Briansk.

Ces incidents surviennent alors que la Russie s’apprête à célébrer le 9 mai, qui marque la victoire sur l’Allemagne nazie, période de ferveur patriotique et temps fort du régime du président Vladimir Poutine.

Mardi, « un engin explosif non identifié a explosé près de la gare de Snejetskaya », a déclaré le gouverneur de la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, Alexandre Bogomaz.

« L’incident a entraîné le déraillement d’une locomotive et de plusieurs wagons du train », a-t-il ajouté, précisant qu’il n’y avait pas de victimes.

La gare se situe à deux kilomètres de la ville principale de la région, Briansk, qui compte près de 370 000 habitants.

Lundi, une explosion avait déjà fait dérailler un train de marchandises, qui avait partiellement pris feu, près de la localité d’Ounetcha, encore plus proche de la frontière ukrainienne.

La compagnie publique des chemins de fer russe a de son côté imputé le déraillement d’un train de marchandises mardi à « l’intervention de personnes non autorisées au travail du transport ferroviaire », sans mentionner d’engin explosif.

La compagnie a précisé que l’incident était survenu à 19 h 47 locales (12 h 47 heure de l’Est) entre Snejetskaya et le village de Belye Berega.

Elle a avancé que la locomotive et « une vingtaine de wagons » avaient déraillé et que le trafic sur ce tronçon avait été suspendu.

Kyiv va « poursuivre »

De nombreux sabotages sur les voies ferrées en Russie ont été signalés depuis que Moscou a lancé son offensive contre l’Ukraine en février 2022.

Plus de 65 personnes suspectées de sabotage ferroviaire ont été arrêtées en Russie depuis l’automne dans une vingtaine de régions du pays, selon un décompte du média d’opposition russe Mediazona publié mi-avril.

Les autorités russes ont aussi dénoncé à plusieurs reprises des incursions de groupes armés ukrainiens sur son territoire, notamment dans la région de Briansk.

Mais c’est la première fois cette semaine que des responsables confirment des attaques de cette ampleur. Depuis le début de l’offensive en Ukraine, le Kremlin s’est efforcé de présenter la Russie comme un pays sûr.

Plus tôt dans la journée de mardi, il a reconnu la menace sécuritaire actuelle.

« Bien entendu, nous sommes conscients du fait que le régime de Kyiv, qui est derrière un certain nombre de ces attaques, des attaques terroristes, a l’intention de poursuivre dans cette voie », a déclaré son porte-parole Dmitri Peskov.

« Nos services de renseignement font tout le nécessaire pour assurer la sécurité », a-t-il ajouté.

Ces dernières semaines, les autorités russes martèlent que le risque terroriste est démultiplié. De nombreux évènements publics organisés début mai pour de grandes fêtes nationales ont été annulés en raison de menaces jugées trop élevées.

Zelensky dit ne pas avoir été prévenu des fuites de documents américains

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré, dans un entretien publié mardi par le Washington Post, avoir appris dans la presse, et non de Washington, l’existence d’une fuite de documents confidentiels américains concernant la guerre de son pays contre la Russie.

« Je n’ai pas reçu d’information de la Maison-Blanche ou du Pentagone au préalable », affirme-t-il au quotidien américain. « Nous n’avions pas cette information, je ne l’avais pas », déplore le président ukrainien.

Interrogé sur CNN, le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, a dit mardi soir « ne pas pouvoir dire si cela est vrai ou non », tout en réitérant le soutien des États-Unis à l’Ukraine dans le conflit.

Des documents américains classifiés, publiés dans la presse début avril à la suite de fuites en ligne, détaillent les vues de Washington sur la guerre en Ukraine et indiquent notamment l’état préoccupant, à la fin février, des défenses aériennes ukrainiennes.

Le jeune militaire américain arrêté pour avoir diffusé ces informations a été inculpé le 14 avril.

« Pour nous, tout ce qui informe notre ennemi en avance constitue, d’une manière ou d’une autre, un désavantage », lance également Volodymyr Zelensky au Washington Post.

Cet épisode « n’est pas bénéfique pour la réputation de la Maison-Blanche, et je pense qu’il n’est pas bénéfique pour la réputation des États-Unis », déclare-t-il encore au quotidien, comparant les fuites à « une série télévisée ».