Des milliers de personnes continuent d’affluer vers Londres pour le couronnement de Charles III samedi. Un moment historique que beaucoup, dont des Québécois, ne voudraient rater pour rien au monde. Mais sur place, l’évènement est loin de faire l’unanimité alors que le pays est confronté à une importante crise économique.

« Il y a tellement de choses qui se passent la nuit, comme des répétitions. On ne voit pas ça si l’on ne dort pas ici. Ce sont les petits avantages même si l’on doit se coucher par terre », plaisante Cynthia Price, une Québécoise venue spécialement pour l’occasion à Londres.

PHOTO ROMAIN CHAUVET, COLLABORATION SPÉCIALE

Cynthia Price, tenant une peluche à gauche, est accompagnée d’amies.

Comme d’autres, elle a décidé de passer plusieurs nuits à la belle étoile, sur une chaise de camping aux abords du Mall, l’avenue où la procession entre le palais de Buckingham et l’abbaye de Westminster aura lieu samedi. « Ils vont sortir le carrosse doré, ça va être fou. J’ai toujours suivi la famille royale, nos racines viennent d’ici, c’est une expérience unique à vivre ! »

Pour lui tenir compagnie jusqu’au couronnement, d’autres amies, dont une Américaine qu’elle a rencontrée lors d’un précédent évènement royal. Elle aussi est fébrile, mais elle espère que tout se passera bien samedi, alors que le mouvement antimonarchiste Not my King ! prévoit de manifester et de perturber l’évènement. « Il y aura toujours des critiques de toute façon, mais je ne pense pas que le jour du couronnement soit le moment de le faire », estime Donna Werner.

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Le fameux Mall, une large avenue londonienne qui mène au palais de Buckingham

Ils sont maintenant plusieurs dizaines de personnes à camper le long de l’immense avenue pour être au plus près de l’évènement. Au petit matin, certains sont encore emmitouflés dans des sacs de couchage, alors que d’autres sont vêtus de tenues colorées à l’effigie de la famille royale. Mary Foster, une Québécoise qui vit à Londres depuis près de dix ans, campe elle aussi dans une tente, décorée de dizaines de drapeaux canadiens.

« Ça n’arrive pas tous les jours, c’est l’évènement d’une vie », explique celle qui au fil des ans a assisté à de multiples évènements royaux.

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Mary Foster, une Québécoise, campe aux abords du Mall dans une tente décorée de dizaines de drapeaux canadiens.

Si tu viens seulement samedi, tu seras derrière des dizaines d’autres personnes, alors à quoi ça sert de venir et de ne rien voir ?

Mary Foster, une Québécoise qui vit à Londres

Véritable passionnée, ni les prévisions météorologiques, qui annoncent du mauvais temps samedi, ni l’arrestation d’un homme en possession d’un couteau, plus tôt cette semaine, ne lui font peur. « Je ne veux manquer ça pour rien au monde, dit la Montréalaise d’origine. La monarchie a tellement fait pour le pays et le Commonwealth. Le roi est tellement passionné, et en plus, il parle français ! »

Des retombées économiques

Plus les heures avancent, plus les décorations à l’effigie du nouveau roi deviennent visibles partout dans Londres. Une importante présence policière est déjà en place, alors que les rues commencent à fermer à la circulation les unes après les autres. Pendant ce temps, un bus rouge à impériale emblématique de Londres tente de se frayer un chemin.

Spécialement transformé et décoré pour le couronnement, le bus propose des tours de la ville consacrés à la royauté. Le tout accompagné de thé anglais et de petites collations, dont un biscuit au chocolat, qui serait le préféré du nouveau roi. « Nous voulions proposer une véritable expérience royale. Le menu a spécialement été créé par Grant Harrold, l’ancien majordome de Charles III. Il nous a donné des petits secrets sur ce qu’aime la famille royale », explique Jean-Philippe Boriau, porte-parole de Brigit’s Bakery, qui est derrière l’idée.

PHOTO VADIM GHIRDA, ASSOCIATED PRESS

L’enthousiasme est palpable près du Mall, où défileront samedi le roi et la reine.

Depuis la semaine dernière, le bus ne chôme pas. Plusieurs fois par jour, il transporte des dizaines de personnes. L’occasion de redonner un peu de souffle à l’entreprise, dans un contexte économique difficile, conséquence du Brexit et de la guerre en Ukraine. « Tous les évènements en lien avec la famille royale attirent des milliers de personnes et ont un impact sur l’économie locale. C’est aussi l’occasion de célébrer, mais surtout d’oublier ces dernières années noires », explique Jean-Philippe Boriau.

Des critiques 

Dans les environs de Buckingham Palace rares sont ceux qui ne vont pas suivre le couronnement de Charles III. Mais l’évènement est loin de faire l’unanimité dans le pays. « Pourquoi autant de bruit et d’argent dépensés, alors que nous ne sommes même pas en mesure de payer correctement notre personnel soignant ? », s’interroge Karly, devant Westminster.

Des médias comme BBC et The Guardian ont avancé que le couronnement pourrait coûter jusqu’à deux fois plus cher que celui d’Élisabeth II. The Mirror a même avancé le chiffre de 250 millions de livres sterling, soit cinq fois le coût du couronnement de la reine. Ces sommes choquent des Britanniques qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Mais pour cette Élisabeth, la monarchie n’en est pas responsable.

« Nous sommes tous frappés par la situation économique, mais je ne pense pas que nous en soyons là en raison de la monarchie. Ils ont toujours été là pour nous, contrairement aux politiques qui eux nous laissent tomber », pense cette Londonienne.

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Notre clavardage sur le couronnement de Charles III samedi, dès 6 h à lapresse.ca

Lisez « En un coup d’œil: ce que coûtera le couronnement de Charles III »