(Londres) Le chef spirituel de l’Église anglicane Justin Welby a vivement critiqué mercredi le projet de loi controversé sur l’immigration illégale du gouvernement britannique, qui restreint drastiquement le droit d’asile, le qualifiant de « moralement inacceptable ».  

Devant la chambre des Lords qui étudie le texte et dont il est membre, l’archevêque de Canterbury a appelé le premier ministre conservateur Rishi Sunak à revenir sur ce projet de loi qui a pour objectif de mettre fin aux traversées illégales de la Manche. Il rend de fait inaccessible l’asile aux migrants arrivés illégalement, le plus souvent en traversant la Manche en bateau pneumatique.

Il prévoit l’expulsion rapide des migrants arrivés illégalement et leur interdit de demander l’asile et, ultérieurement, de s’installer au Royaume-Uni ou de demander la nationalité britannique. Il facilite aussi la détention des migrants jusqu’à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr, comme le Rwanda, d’où qu’ils viennent.

« J’exhorte le gouvernement à reconsidérer une grande partie du projet de loi, qui n’est pas à la hauteur de notre histoire, de notre responsabilité morale et de nos intérêts politiques et internationaux », a déclaré Justin Welby.

« Il est moralement inacceptable et politiquement impraticable de laisser les pays les plus pauvres faire face seuls à la crise », a poursuivi Justin Welby, le plus haut dignitaire de l’Église anglicane au Royaume-Uni depuis 2013.

Le projet « risque de porter gravement atteinte aux intérêts et à la réputation du Royaume-Uni […], sans parler des intérêts de ceux qui ont besoin de protection ».

L’archevêque de Canterbury, qui a couronné le 6 mai Charles III et son épouse Camilla, a accusé le gouvernement de « cruauté ».  

« Il n’y a rien de compatissant dans le fait de laisser des personnes vulnérables mourir dans la Manche » ou de les laisser « passer devant » d’autres personnes encore plus vulnérables qui tentent d’entrer au Royaume-Uni pas des voies légales, a réagi le porte-parole du premier ministre Rishi Sunak.

Dans le quotidien The Times, la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a défendu ses « mesures robustes » qui répondent « à la volonté du peuple britannique », alors que la chambre des Lords est composée de membres non élus, mais désignés par les dirigeants politiques ou héritant de leur titre.

Rishi Sunak a fait de la lutte contre l’immigration illégale une priorité après une année 2022 où les arrivées de migrants sur de petites embarcations via la Manche a dépassé 45 000, un record.

Son projet de loi a été critiqué par de nombreuses organisations internationales.

La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a appelé les parlementaires britanniques à s’y opposer, dénonçant son « incompatibilité » avec les obligations internationales du Royaume-Uni.