(Moscou) Le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, a accusé mercredi la hiérarchie militaire russe de « cacher » les difficultés rencontrées par son armée face à la contre-offensive ukrainienne entamée début juin, qui a obtenu à ce stade de modestes gains.

« L’ennemi occupe Piatykhaty, le nord de Robotyné, et Urojaïné, ce qui veut dire que de grands pans de territoire ont été perdus [au profit de] l’ennemi », a déploré M. Prigojine dans un enregistrement audio publié sur Telegram.

Après quelques semaines de contre-offensive des troupes de Kyiv, « [celle-ci] engendre de notre côté de sérieuses pertes et des problèmes qui sont étouffés, que les Russes ne savent pas », a-t-il dénoncé, pointant du doigt la hiérarchie militaire avec qui il est en conflit ouvert depuis plusieurs mois.

« Tout cela est complètement caché à tout le monde. Un jour la Russie se réveillera et s’apercevra que la Crimée est ukrainienne. C’est une trahison directe des intérêts de la Fédération de Russie », a cinglé M. Prigojine.

« Tout ce que fait le commandement de l’“opération militaire spéciale” aujourd’hui, c’est cacher les faits pour rendre à Moscou de beaux rapports » et « tromper le peuple russe », a encore raillé l’homme d’affaires dont les hommes de Wagner combattent en première ligne, notamment dans l’Est ukrainien, au prix de lourdes pertes.

Dans la zone de Sadové, juste au nord de Tokmak dans la région de Zaporijjia (sud), « il n’y a pas de commandement, pas d’armes, pas de munitions », a-t-il appuyé dans cette nouvelle critique violente.

Kyiv a fait état à ce stade de huit localités reprises aux mains des Russes, tandis que Moscou se borne à dire que son armée repousse inlassablement toutes les attaques ukrainiennes.

M. Prigojine, lui, a accusé le commandement militaire, dont le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, de communiquer sur des faits qui ne correspondent pas à « la réalité » : « les informations sont bloquées, l’ennemi avance en direction de Molotchniï Lyman », une petite localité située proche de la mer Noire, au sud de Melitopol.

La prise de ce village permettrait à l’armée ukrainienne de couper en deux l’armée russe et d’atteindre la mer Noire.

« Si l’ennemi atteint Molotchniï Lyman, alors tous les territoires pris pendant l’“opération militaire spéciale” retourneront à l’ennemi », a enfin averti Evguéni Prigojine, évoquant là un scénario catastrophe pour la Russie dont l’objectif affiché reste de conquérir l’ensemble du Donbass et de consolider ses territoires conquis dans le Sud.

Interrogé sur la situation sur le front, le président Vladimir Poutine a affirmé mercredi qu’il y avait « une certaine accalmie », mettant une nouvelle fois en relief les « sérieuses pertes » ukrainiennes.