(Moscou) « Surpris » par la rébellion du groupe paramilitaire Wagner, des habitants de Moscou espèrent samedi que l’armée russe sera capable d’y mettre fin et que « l’ordre prévaudra ».

« J’ai lu les informations ce matin, j’ai été très surprise. Je ne sais pas comment réagir à cela », déclare Elena, 35 ans, en blouson bordeaux et chemise noire.

« En tout cas, c’est très triste que tout cela arrive », ajoute-t-elle. Elle se dit surtout « désolée pour nos diplômés », alors que la cérémonie de remise des diplômes aux bacheliers prévue samedi a été reportée à une autre date.

Pas de panique à ce stade à Moscou : les habitants se promènent dans les parcs et les boulevards commerçants du centre de la capitale en mangeant une glace ou en promenant leur chien.

Aux abords de l’emblématique place Rouge, fermée, des touristes se prennent en selfie.

PHOTO NATALIA KOLESNIKOVA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des personnes prennent des photos du Kremlin devant des barrières métalliques à Moscou.

Sergueï, un entrepreneur de 27 ans, pensait « que la situation en général pouvait être dangereuse et que quelque chose comme ça pouvait arriver, mais c’était une supposition », dit-il à l’AFP.

« Quand tout est arrivé, il y avait une énorme tension », ajoute-t-il.

La ville est placée depuis samedi matin sous le « régime d’opération antiterroriste », qui renforce notamment les pouvoirs des services de sécurité et leur permet de restreindre les mouvements.

Dans la nuit, des images de médias russes ont montré des véhicules militaires circuler dans les rues de Moscou.  

« Jamais calme en Russie »

Le maire de la capitale, Sergueï Sobianine, a même qualifié la situation de « difficile » dans la ville, vers laquelle marchent les forces rebelles du groupe paramilitaire Wagner, et décrété lundi jour chômé.

PHOTO EGOR ALEEV, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine

Il a appelé les Moscovites à « limiter autant que possible » leurs déplacements et prévenu que la circulation pourrait être « bloquée » sur certaines routes et dans certains quartiers.

Pour Danil Novokreschenov, 22 ans, « ça n’a jamais été calme en Russie. Il y a toujours des troubles ».

Le président Vladimir Poutine a vigoureusement condamné samedi la « trahison » du chef des paramilitaires rebelles, Evguéni Prigojine, allant même jusqu’à évoquer la menace du risque d’une « guerre civile ».

Olga Schmidt, une responsable de projet de 29 ans, pense que l’armée régulière russe « sera capable d’arrêter » M. Prigojine.

« C’est une sorte d’ambition (du chef du groupe Wagner, NDLR.), quand tu as beaucoup de gens sous tes ordres, que tu commences à ressentir une sorte de pouvoir, c’est peut-être pour ça qu’il a fait ça », estime-t-elle.

Olga Sokolova, 57 ans, professeure d’anglais dans un lycée, espère « une issue positive » à la crise.

« Personnellement », poursuit-elle en achetant des fraises, « moi et mes proches, nous croyons et espérons que tout ira bien, que l’ordre prévaudra ».