(Londres) Les députés britanniques qui ont conclu que l’ex-premier ministre britannique Boris Johnson avait menti au Parlement dans l’affaire du « partygate » ont dénoncé jeudi une pression « coordonnée » et « sans précédent » de la part de proches de l’ex-dirigeant conservateur.

La Commission des privilèges avait estimé mi-juin dans un rapport de 106 pages que Boris Johnson avait « induis la Chambre (des Communes) en erreur » dans ses dénégations successives dans le scandale des fêtes organisées à Downing Street.

Dans un rapport complémentaire publié jeudi, la Commission dénonce la « pression » exercée envers les députés conservateurs qui en font partie.

Il étrille une « intention manifeste » d’éloigner ces membres de la Commission et d’entraver l’enquête ou d’empêcher que celle-ci ne parvienne à une conclusion contraire à celle qu’ils souhaitaient.

Le rapport évoque également des « tentatives soutenues de saper ou contester l’impartialité de la présidente » de la Commission Harriet Harman.

« Cette pression sans précédent et coordonnée n’a pas affecté la conduite ni l’issue de l’enquête », souligne la Commission, mais a eu un « impact important » sur les membres et a suscité « des inquiétudes significatives en matière de sécurité ».  

Cet organe disciplinaire a également exprimé sa crainte que de tels agissements ne dissuadent certains députés de la rejoindre.

« La liberté d’expression est au cœur de la démocratie parlementaire », mais « les membres qui, alors qu’une enquête impliquant un comportement individuel est en cours, attaquent l’honnêteté et l’intégrité de la Commission, ou attaquent le processus lui-même d’une manière clairement destinée à discréditer la Commission ou l’éloigner d’une issue particulière, interfèrent dans une procédure disciplinaire établie par la Chambre d’une manière inacceptable », ajoute le texte.

En annexe, le rapport recense tweets et propos de proches de Boris Johnson, notamment l’ex-ministre de la Culture Nadine Dorries, soutien inconditionnel de « BoJo », et le député conservateur Jacob Rees-Mogg, qui avait, entre autres, qualifié la Commission de « tribunal fantoche ».

Les députés ont adopté le 20 juin les conclusions de la Commission, interdisant à Boris Johnson l’accès au Parlement.

Avant même la publication officielle de son rapport, l’ancien premier ministre avait pris les devants et avait démissionné de son poste de député, dénonçant une « chasse aux sorcières ». Il avait dénoncé un « assassinat politique ».