(Moscou) Les combattants du groupe paramilitaire russe Wagner, contraints de partir en Biélorussie après leur rébellion manquée en Russie fin juin, s’entraînent avec les forces spéciales de ce pays allié de Moscou, a annoncé Minsk jeudi.

« Au cours de la semaine, des unités des forces spéciales (biélorusses) et des représentants de l’entreprise (Wagner) vont s’entraîner aux missions de combat sur le terrain d’entraînement de Bretsky », près de la frontière avec la Pologne, a annoncé le ministère biélorusse de la Défense sur Telegram.

Il a ensuite publié les « premières photos » de ces entraînements et expliqué que « dans la situation géopolitique actuelle, l’expérience réelle du combat (de Wagner) est une occasion de continuer à développer » la modernisation et le rééquipement de l’armée biélorusse.

La semaine dernière, Minsk avait déjà indiqué que les combattants de Wagner formaient des conscrits biélorusses, sur un terrain d’entraînement au sud-est de la capitale, Minsk.

Le terrain d’entraînement de Bretsky est situé à moins de cinq kilomètres de la frontière avec la Pologne, le ministère polonais de la Défense ayant assuré jeudi à l’AFP avoir « renforcé la coopération de l’armée polonaise avec les gardes-frontières à travers, entre autres, une intensification d’opérations conjointes à la frontière ».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté dit accorder « une attention accrue » aux mouvements militaires polonais, car « l’agressivité de la Pologne à l’égard de la Biélorussie et de la Fédération de Russie est une réalité ».

Les combattants de Wagner ont joué un rôle majeur dans l’offensive russe en Ukraine, notamment en première ligne dans la sanglante bataille pour Bakhmout (est), dont la capture a été revendiquée en mai par Moscou après des mois de siège ayant dévasté la ville.

Le 24 juin, point culminant de semaines de conflit larvé avec l’état-major russe, ils avaient occupé pendant plusieurs heures un quartier général de l’armée à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, et parcouru plusieurs centaines de kilomètres vers Moscou, ébranlant le pouvoir russe.

Leur rébellion a pris fin soir du 24 juin, avec un accord prévoyant le départ en Biélorussie du patron de Wagner, Evguéni Prigojine. Ses combattants s’étaient vus proposer de rejoindre les troupes régulières, de retourner à la vie civile ou de partir avec leur chef pour la Biélorussie.

Mercredi soir, une vidéo publiée par des comptes Telegram se revendiquant proches de Wagner, mais que l’AFP n’a pas pu authentifier, montrait Evguéni Prigojine accueillir ses hommes « sur le sol biélorusse » et leur expliquer qu’ils ne combattront plus en Ukraine, où « ce qui se passe sur le front est une honte et nous n’avons pas besoin d’y participer ».

Dans cette vidéo, Evguéni Prigojine demande aussi à ses troupes de mener à bien l’entraînement de l’armée de la Biélorussie et de se préparer pour « un nouveau voyage en Afrique », où Wagner est déjà présent dans plusieurs pays.