(Rome) Au moins une trentaine de migrants sont portés disparus après le naufrage de deux bateaux au large de l’île italienne de Lampedusa, selon les témoignages de survivants, a annoncé dimanche l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Trente-quatre autres migrants, qui s’étaient retrouvés piégés dans une zone rocailleuse de la côte de Lampedusa, ont pu être secourus.  

Environ 28 passagers d’un bateau et trois d’un deuxième sont portés disparus en mer, après leur naufrage samedi en raison des mauvaises conditions météorologiques, a précisé l’OIM.

Les bateaux étaient des petites embarcations de métal apparemment parties jeudi de Sfax, en Tunisie.

Les gardes-côtes italiens ont pu récupérer 57 survivants et ont retrouvé deux corps, ceux d’une femme et d’un mineur.

Ils ont diffusé dimanche des images saisissantes du sauvetage, montrant les migrants montant et descendant avec les immenses vagues, tandis que le navire des gardes-côtes montait et plongeait lui aussi en tentant de les atteindre.

On y voit des migrants tentant de grimper à bord du vaisseau ballotté par les vagues, tandis que d’autres s’accrochent désespérément les uns aux autres, formant une chaîne humaine.

Après avoir parlé avec des survivants, les responsables de l’OIM estiment que « au moins 30 personnes ont disparu », a précisé à l’AFP l’attaché de presse de l’organisation, Flavio Di Giacomo.

Une enquête sur les naufrages a été ouverte à Agrigente, en Sicile.

Le chef de la police d’Agrigente, Emmanuele Ricifari, chargé de l’enquête, a souligné que le mauvais temps était annoncé. « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupules », a-t-il déclaré aux médias italiens.

« Une mer bien agitée est prévue pour les jours qui viennent. Espérons qu’ils vont arrêter » de faire partir des gens, « par cette mer, c’est les envoyer à l’abattoir », a-t-il ajouté.

Piégés

Alors que le mauvais temps persistait dimanche, des équipes de secours sont parvenues à mettre en sécurité des migrants piégés dans une zone rocailleuse de la côte de Lampedusa.

Les 34 migrants, dont deux femmes enceintes, se trouvaient là depuis vendredi soir après que des vents violents eurent drossé leur bateau sur les rochers.

La Croix-Rouge leur a fourni de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des couvertures de survie mais les gardes-côtes n’ont pu les secourir par la mer en raison de la hauteur des vagues.

Aidés d’appareils des forces aériennes, les secouristes les ont treuillés dimanche jusqu’en haut des 140 mètres de la falaise.

La route de la Méditerranée centrale depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe est la plus meurtrière au monde.

Plus de 1800 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de l’emprunter, selon M. Di Giacomo. C’est près de 900 de plus que l’année dernière.

« La vérité, c’est que ce chiffre est vraisemblablement plus élevé », a souligné l’attaché de presse. « Beaucoup de corps sont retrouvés en mer, ce qui suggère qu’il y a beaucoup de naufrages dont nous n’entendons jamais parler ».

Le nombre de corps retrouvés en mer s’est accru, en particulier sur ce qui est appelé la route tunisienne, devenue de plus en plus dangereuse en raison du type de bateaux utilisé, a ajouté M. Di Giacomo.

Les passeurs font prendre la mer aux migrants subsahariens « sur des bateaux de fer qui coûtent moins cher que les habituels bateaux en bois mais sont totalement inaptes à la navigation en mer, ils se brisent facilement et coulent », a-t-il expliqué. Et souvent les migrants doivent subir en mer le vol des moteurs de leurs bateaux pour que les passeurs puissent les réutiliser.

Près de 92 000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, deux fois plus que la même période de l’an dernier, selon les autorités italiennes.