(Omagh) Familles des victimes, survivants et responsables politiques se sont réunis dimanche pour marquer le 25e anniversaire de l’attentat à la bombe d’Omagh, le plus meurtrier du conflit nord-irlandais, dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques dans la province britannique.  

Le 15 août 1998, une voiture piégée, posée par des républicains dissidents, explose dans le centre-ville animé d’Omagh, tuant 29 personnes et en blessant 220. L’attentat a lieu quatre mois après la signature de l’accord du Vendredi saint, censé mettre un terme à trois décennies de violences entre unionistes (surtout protestants) et républicains (en majorité catholiques) en Irlande du Nord, un conflit qui a fait 3000 morts.  

Pour marquer l’anniversaire, un service commémoratif organisé par des groupes de victimes a eu lieu dans la petite ville du centre de l’Irlande du Nord. Une cérémonie privée sera aussi organisée pour les familles mardi 15 août.

Perpétré par l’IRA véritable, un groupe dissident opposé à la paix, pendant un cessez-le-feu de l’IRA (Armée républicaine irlandaise), l’attentat avait permis de rallier une grande partie de l’opinion publique à l’accord de paix.  

Parmi les victimes figuraient des catholiques comme des protestants, une femme enceinte et de nombreux jeunes, dont deux touristes espagnols. Un quart de siècle plus tard, après des années de querelles juridiques et d’enquêtes, personne n’a été condamné pour l’attentat.

Le service commémoratif a enchainé musiques traditionnelles jouées à la cornemuse irlandaise, hymnes et prières en anglais, en espagnol et en irlandais. Les noms des 29 victimes ont été lus et un moment de silence a été observé en leur mémoire.

Michael Gallagher, dont le fils Aidan est mort dans l’attentat à l’âge de 21 ans, a remercié « ceux que nous avons perdus en chemin et qui ont contribué à reconstruire les cœurs et les esprits de ceux qui ont été touchés par cette atrocité ».

Il a qualifié le mémorial de « témoignage puissant de l’esprit et de la cohésion de la communauté, 25 ans après que notre petite ville a été déchirée ».

Enquête indépendante

Jonathan Caine, ministre britannique au sein du ministère en charge de l’Irlande du Nord, ainsi que Peter Burke, ministre irlandais de la Défense, ont participé aux commémorations à Omagh.

En février, le gouvernement britannique a annoncé l’ouverture d’une enquête indépendante pour déterminer si l’attentat aurait pu être évité, après que la Haute Cour de Belfast a jugé cette hypothèse « plausible » en 2021.

Un quart de siècle après la fin des « Troubles », le Brexit a ravivé les tensions dans la province britannique.  

Les commémorations ont lieu alors que les institutions politiques issues de l’accord de paix sont à l’arrêt depuis un an et demi, le principal parti unioniste (DUP) refusant de participer à l’exécutif.

Opposé aux règles commerciales imposées après le Brexit qui menacent, selon lui, les liens de la province avec le reste du Royaume-Uni, le DUP boycotte depuis plus d’un an les institutions locales, censées être partagées avec les républicains du Sinn Fein, vainqueurs des dernières élections dans la province.  

Du point de vue sécuritaire, un policier a été visé en février par une tentative de meurtre dans la banlieue d’Omagh. À la suite de cette attaque, le gouvernement britannique a relevé le niveau de la menace terroriste dans la province.  

La tentative de meurtre de John Caldwell, membre des forces de l’ordre depuis 26 ans, avait été unanimement condamnée en Irlande du Nord. Revendiquée par le groupe Nouvelle IRA, elle rappelle que les policiers, régulièrement pris pour cible pendant le conflit nord-irlandais, peuvent être encore dans le collimateur.  

Le dernier policier assassiné par des républicains dissidents, Ronan Kerr, a trouvé la mort à Omagh en 2011 dans l’explosion d’une voiture piégée devant son domicile.