(Tourcoing) Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont les ambitions pour la prochaine élection présidentielle sont de plus en plus affirmées, s’est posé dimanche en rempart contre la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen.

« On ne peut pas laisser Mme Le Pen aller irrémédiablement au pouvoir », a-t-il déclaré dans son fief de Tourcoing (nord), à l’ouverture d’un rassemblement politique auquel ont participé des personnalités de la majorité présidentielle, dont la première ministre Élisabeth Borne.

M. Darmanin, 40 ans, que beaucoup comparent à l’ex-président Nicolas Sarkozy, chef de l’État (droite) de 2007 à 2012, a suscité des remous au sein de son camp politique en évoquant ouvertement la présidentielle de 2027, pour laquelle il a jugé « assez probable » une victoire de la dirigeante du Rassemblement national.

Celle-ci, Marine Le Pen, a été battue par deux fois par Emmanuel Macron au deuxième tour, mais son score en 2022 (41,5 %) a été en nette progression par rapport à celui de 2017 (33,9 %).  

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Marine Le Pen

L’actuel président français ne peut pas briguer de troisième mandat.

« On est là pour défendre bien sûr le bilan du président de la République qui a beaucoup fait. […] Et puis on est aussi là pour dire qu’il y a un problème. On ne peut pas laisser évidemment Marine Le Pen aller irrémédiablement au pouvoir », a lancé Gérald Darmanin.

Alors qu’une partie de l’électorat « se réfugie dans […] le vote populiste », « moi je ne veux pas que les classes laborieuses aillent vers un rassemblement haineux », a-t-il ajouté, appelant à « explique[r] davantage » un « bon bilan » qui « n’est pas toujours compris » et à se montrer proches des électeurs.

« Les gens demandent beaucoup plus de sécurité, ils demandent une meilleure maîtrise de l’immigration, qu’on réaffirme la laïcité », a également dit le ministre.

Appel de Mme Borne à « l’unité »

Gérald Darmanin a réuni environ 700 personnes pour une journée consacrée aux « classes populaires ». Onze ministres ont fait le déplacement, ainsi que des parlementaires des trois partis de la majorité présidentielle.

Quelques membres du parti de droite Les Républicains (LR) ont aussi honoré l’invitation, alors que ce mouvement organise sa rentrée au même moment dans le sud-est de la France.

« L’idée n’est évidemment pas de créer un parti ou un mouvement », a assuré M. Darmanin, lui-même un ancien cadre de LR, qui avait rejoint la majorité présidentielle après la victoire d’Emmanuel Macron en 2017.

Ses récentes déclarations, laissant affleurer ses ambitions pour la présidentielle, ont provoqué des crispations dans la majorité.

Prenant la parole Élisabeth Borne a exigé « l’unité » de la majorité.

PHOTO FRANÇOIS LO PRESTI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Gérald Darmanin et Élisabeth Borne

« Le temps devant nous doit être entièrement consacré à l’action et à un travail de fond intense pour produire des résultats. C’est comme cela que nous combattrons les populistes et les extrêmes, en leur laissant leurs recettes démagogiques », a dit la première ministre.

« Notre unité est notre force, nous devons la protéger à tout prix, c’est la condition pour continuer à agir et ne pas paver nous-mêmes le chemin des extrêmes. Cette unité, derrière le président de la République et son projet, j’y tiens, j’y veille et j’en suis la garante, comme cheffe de la majorité », a-t-elle insisté.

M. Darmanin a récemment reçu un soutien appuyé de Nicolas Sarkozy, qui l’a cité parmi les personnalités capables de rassembler du centre à l’extrême droite.