(Kyiv) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé vendredi que la Russie misait sur la prochaine élection présidentielle américaine, dans l’espoir qu’elle affaiblisse le soutien de Washington à Kyiv face à l’invasion russe.

Il s’est par ailleurs déclaré « prêt » à organiser des élections dans son pays en temps de guerre « si notre peuple en a besoin », alors qu’avant le début de l’invasion russe en 2022, Kyiv avait prévu la tenue d’un scrutin présidentiel et parlementaire en 2024. M. Zelensky n’a cependant pas clairement dit s’il allait briguer un deuxième mandat.  

Les Russes « comptent sur les élections américaines… bien que nous ayions un soutien mutuel, bipartisan », a affirmé Volodymyr Zelensky lors d’une conférence à Kyiv, en admettant toutefois l’existence de « voix au sein du parti républicain qui disent que le soutien à l’Ukraine doit être réduit ».

Selon certains médias, un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait mettre en danger l’assistance militaire de Washington, cruciale pour Kyiv. M. Trump avait déclaré début 2023 que les États-Unis « ne devraient pas envoyer beaucoup à l’Ukraine » mais plutôt « négocier la paix » entre Kyiv et Moscou.  

« Mais il est important que le peuple américain soutienne la démocratie, soutienne l’Ukraine […] Dans ce cas, peu importe qui soit le leader des États-Unis, il va toujours s’appuyer sur […] l’opinion populaire », a de son côté estimé M. Zelensky.  

Des « représentants américains ont soulevé la question » des élections en Ukraine, a par ailleurs ajouté le chef de l’État au lendemain d’un voyage dans ce pays du secrétaire d’État américain Antony Blinken.  

« Ce n’est pas une question de démocratie » mais « uniquement de sécurité », a assuré M. Zelensky, l’homme politique de loin le plus populaire en Ukraine, tout en soulignant qu’il y avait « beaucoup » de problèmes à régler.  

Parmi ceux-ci, il a évoqué la difficulté d’organiser le scrutin pour des dizaines, voire des centaines de milliers de soldats « dans les tranchées » et celle de déployer des observateurs internationaux dans la zone de guerre, où des combats acharnés et bombardements se poursuivent.  

Il a également indiqué que le pays n’avait pas d’« infrastructures » pour organiser le vote de « millions » de réfugiés ukrainiens à l’étranger et pourrait potentiellement organiser un vote en ligne, qui n’existe pas encore en Ukraine. « J’ai une question pour nos partenaires : allez-vous reconnaître un tel scrutin ? » a déclaré M. Zelensky.  

Le chef de l’État s’est enfin interrogé sur le sort des Ukrainiens vivant en zones occupées par la Russie et qui constituent au total presque 20 % du territoire dans l’est et le sud du pays. « Comment vont-ils exprimer leur volonté », s’est-il interrogé.