(Londres) Charles III entamera mercredi en France une visite d’État de trois jours, six mois après avoir dû reporter sa venue en plein mouvement contre la réforme des retraites pour ce qui devait être sa première visite officielle à l’étranger en tant que roi.

Malgré ce premier rendez-vous manqué, le programme du monarque britannique de 74 ans et de la reine Camilla, 76 ans, n’a pas été beaucoup modifié, entre engagements symboliques forts et rencontres avec des acteurs de la société civile française.

À son arrivée à Paris, le couple royal sera accueilli par le président Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à l’Arc de Triomphe, où ils raviveront la flamme du soldat inconnu, avant de descendre les Champs-Élysées, et de participer à un dîner d’État au château de Versailles.

Charles III prononcera également un discours devant les parlementaires au Sénat, durant lequel il devrait s’exprimer en partie en français, comme en mars dernier où il avait parlé en allemand devant le Bundestag à Berlin lors d’un déplacement qui devait suivre celui initialement prévu à Paris.

Les deux chefs d’État mettront aussi en avant des sujets qui leur tiennent à cœur, comme l’environnement, la promotion de la lecture ou l’entrepreneuriat des jeunes. Une rencontre est prévue avec des associations locales et des personnalités du sport à Saint-Denis, une ville de banlieue parisienne qui sera un des lieux majeurs l’an prochain des Jeux olympiques d’été de Paris.

Charles et Camilla se rendront ensuite à Bordeaux, qui fut un temps sous le contrôle du roi d’Angleterre Henri II, et où résident aujourd’hui 39 000 Britanniques. Ils doivent visiter un vignoble et rencontrer des pompiers ayant pris part à la lutte contre les incendies qui avaient ravagé le département des Landes l’an dernier.

Des deux côtés de la Manche, on a placé cette visite sous le signe de la célébration des liens anciens entre les deux pays, au moment où leurs dirigeants s’efforcent d’apaiser les tensions héritées du Brexit.

L’entente n’a pas été si cordiale depuis que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, l’ancien premier ministre Boris Johnson s’en étant pris régulièrement à la France, que ce soit sur les quotas de pêche ou les règles commerciales appliquées aux saucisses.

L’éphémère successeure de Boris Johnson, Liz Truss, n’a pas arrondi les angles l’an dernier en affirmant que « le jury est toujours en train de délibérer » lorsqu’elle avait été interrogée sur le fait de savoir si Emmanuel Macron était un ami ou un ennemi.

« Atout » diplomatique

Mais ces derniers mois, les relations se sont améliorées avec le nouvel occupant de Downing Street, Rishi Sunak, qui comme le président français est un ancien banquier d’affaires, amateur de costumes affûtés et très présent sur les réseaux sociaux.

Si en tant que chef d’État d’une monarchie constitutionnelle, le roi britannique doit observer une stricte réserve, la politique n’est jamais absente de ces visites d’État et le voyage de Charles III ne fait pas exception, confirmant les gestes d’ouverture et d’apaisement récents du gouvernement britannique.

Les visites d’État du souverain sont « un atout pour la diplomatie (britannique) […] au-dessus des sujets politiques du moment », comme les tensions persistantes entre Londres et Paris au sujet des traversées illégales de migrants vers le Royaume-Uni, estime Ed Owens, historien de la royauté.

« Il y aura une certaine diplomatie informelle » durant ces deux jours, ajoute-t-il, mais pour Charles III l’objectif est surtout de montrer son engagement comme « un roi écologiste hors des frontières britanniques ».

Après une première année en tant que souverain où il s’est surtout concentré à incarner la stabilité et la continuité de la monarchie, plutôt qu’à engager des réformes radicales, cette visite s’inscrit dans « l’approche traditionnelle de la diplomatie royale » que les Français ont pu observer par le passé.

Charles III et Emmanuel Macron se sont déjà rencontrés, notamment lors du couronnement du roi le 6 mai dernier, et entretiennent « une relation chaleureuse », dit-on dans leur entourage.

L’hommage du président français à la reine Élisabeth II après son décès en septembre 2022 avait ainsi été très apprécié au Royaume-Uni.