(Ajaccio) Une « nuit bleue » a frappé la Corse, avec une vingtaine d’explosions revendiquées par des indépendantistes, visant en majorité des résidences secondaires dans la nuit de dimanche à lundi, dix jours après la visite du président français Emmanuel Macron qui a proposé à l’île une « autonomie dans la République ».

Aucun blessé grave n’a à ce stade été recensé par les autorités qui ont avisé le parquet national antiterroriste.

Le Front national de libération corse (FLNC) a revendiqué ces explosions en assurant qu’il n’y avait pas de « destin commun avec la France », dans un communiqué transmis au quotidien Corse-Matin. « À Francia Fora », [« la France dehors », NDLR], conclut ce texte de quatre lignes.

PHOTO PASCAL POCHARD-CASABIANCA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vue sur une maison de Bastelicaccia visée par une explosion Bastelicaccia

Le parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert une enquête sur 22 explosions et leur revendication par le Front de libération nationale corse (FLNC), a-t-il indiqué.

L’enquête a notamment été ouverte pour tentative d’assassinat, destruction et tentative par moyen dangereux pour les personnes, fabrication d’engin explosif, le tout en relation avec une entreprise terroriste.

Cette « nouvelle nuit bleue » intervient une dizaine de jours après la venue du président Macron qui a proposé à la Corse « une autonomie dans la République », tout en prévenant que ce « moment historique » ne se fera pas « sans » ou « contre » l’État français.

La Corse connaît depuis près de deux ans une recrudescence d’incendies criminels et d’explosions visant principalement des résidences secondaires, le plus souvent assortis de tags nationalistes. Ces explosions ont été souvent revendiquées, certaines par le FLNC, d’autres par le mouvement GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa), un mouvement clandestin de jeunesse corse.

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Vue sur une maison de Villanova visée par une explosion

Dans un communiqué de revendication début août, le FLNC appelait ainsi à la création d’une « plateforme de résistance patriotique » face à « une colonisation de peuplement disproportionnée » et un « processus de destruction du peuple corse ».

Selon une source judiciaire en août, 50 enquêtes « en lien avec des incendies criminels ou faits de destruction de diverses natures » en Corse ont été ouvertes par le parquet national antiterroriste depuis le début de l’année. Il y en avait eu 22 en 2022, trois en 2021 et quatre en 2020.

À la même date, le pôle antiterroriste du tribunal de Paris était chargé de 14 informations judiciaires en lien avec le terrorisme corse, avait-elle précisé.

La dernière « nuit bleue » de ce genre remonte à la nuit du 9 au 10 mars 2019, avec sept habitations endommagées au total.

Le FLNC, apparu pour la première fois en 1976, avec une profession de foi retrouvée dans les décombres de 18 attentats lors d’une première « nuit bleue », est depuis devenu une nébuleuse opaque, résultat de scissions, luttes fratricides et recompositions.