(Stockholm) La Suède, qui avait relevé cet été son niveau d’alerte terroriste, a vu ses pires craintes se concrétiser avec la mort de deux de ses concitoyens dans un attentat à Bruxelles, et se prépare à vivre sous une menace durable.

« Jamais, dans l’Histoire récente, la Suède et les intérêts suédois n’ont été aussi menacés qu’aujourd’hui », a souligné mardi le premier ministre, Ulf Kristersson lors d’une conférence de presse consacrée à cette attaque.

Le pays nordique est endeuillé par l’attaque qui a coûté la vie à deux supporters suédois de foot et blessé un troisième, venus assister au match de qualification pour l’Euro Belgique-Suède dans la capitale belge lundi soir, à 19 h.

L’auteur de l’attentat est un Tunisien de 45 ans radicalisé et qui était en séjour illégal en Belgique. Il a été repéré et mortellement blessé mardi par la police.

L’office suédois des migrations a révélé mardi qu’il avait purgé dans les années 2012-2014 une peine de prison en Suède.

« Il a purgé une peine de prison en Suède en 2012-2014 », a indiqué le porte-parole de l’office, Jesper Tengroth, sans vouloir préciser le motif de la peine et sa durée.

Selon le porte-parole des services de renseignement suédois (Säpo), Fredrik Hultgren-Friberg, il a « pu utiliser différentes identités lors de ses voyages en Europe ».

Il s’agit « d’un attentat terroriste ciblant des Suédois », a dit le premier ministre suédois.  

« La vie de deux personnes innocentes s’est éteinte. Ce sont deux personnes qui ne retourneront jamais chez elles », a-t-il relevé, le ton grave. « C’est d’une tristesse inimaginable ».

Une cérémonie d’hommage avec les premiers ministres suédois et belge aura lieu mercredi à Bruxelles.

Cet attentat est le signe que des individus « veulent nous effrayer et nous pousser au silence et à l’obéissance », selon M. Kristersson. « Cela n’arrivera pas ».

« Ce sont des risques de ce type qui ont conduit Säpo à relever le niveau de la menace terroriste de trois à quatre l’été dernier. Aujourd’hui, nous savons avec une clarté effrayante qu’il y avait des raisons pour les inquiétudes » exprimées par le gouvernement, a-t-il ajouté.

La Suède avait dû rehausser le 17 août son niveau d’alerte au risque terroriste à quatre sur une échelle de cinq en raison des tensions suscitées par les autodafés de Coran survenus sur son sol depuis le début d’année.

Ces profanations ont porté un coup aux relations avec plusieurs pays musulmans, l’ambassade de Suède à Bagdad ayant ainsi été incendiée en juillet tandis qu’un cocktail Molotov visait la représentation à Beyrouth en août.

Al-Qaïda avait en parallèle appelé à commettre des attaques terroristes dans le pays scandinave.

« Rangez vos maillots et rentrez ! »

Les services de renseignement ont indiqué mardi qu’ils maintenaient ce niveau de vigilance. « Cette situation est grave et le service de sécurité suédois estime qu’elle va perdurer », selon eux.

Mais avec l’attentat de Bruxelles, la menace s’est brutalement matérialisée sur les citoyens suédois.

 « Nous regardions les supporters suédois et nous étions vraiment inquiets pour leur sécurité », a raconté au quotidien DN Andreas Matz, journaliste pour la radio publique suédoise présent au stade et qui a, comme les supporters, été escorté jusqu’à son hôtel par la police belge.

 « Quand vous voyez les supporters suédois avec leurs maillots jaunes, c’est une joie merveilleuse […] Maintenant, à l’avenir, je me dirai à chaque fois : “Bon sang, allez-vous vraiment porter ces maillots ? »” », a-t-il ajouté.

La même sidération a saisi le responsable de la sécurité de la Fédération suédoise de football, Martin Fredman.

« Nous leur avons dit de ranger tous leurs maillots bleu et jaune (couleurs du drapeau de la Suède, NDLR) et de rentrer chez eux », a expliqué à l’AFP Martin Fredman, responsable de la sécurité à la Fédération.

« En tant que Suédois, nous sommes très peu habitués à être pris pour cible », a-t-il souligné.

Parcourir en bus « les rues de Bruxelles avec un grand nombre de policiers munis d’armes automatiques et d’armes de maintien de l’ordre pour nous aider à entrer dans nos hôtels est quelque chose que peu d’entre nous ont vécu auparavant », a raconté M. Fredman.

« Et pourtant, j’ai travaillé en tant que policier toute ma vie », a-t-il ajouté.