(Nations unies) L’ONU s’est inquiétée lundi du climat de « suspicion mutuelle » au Kosovo, réclamant des « mesures de désescalade » entre Belgrade et Pristina, dont les représentants se sont accusés d’être responsables de la détérioration de la situation.

Les tensions sont extrêmement vives entre le Kosovo et la Serbie depuis la mort, le 24 septembre, d’un policier kosovar tué dans une embuscade. Il aurait été abattu par un commando paramilitaire composé de Serbes du Kosovo.

« Les évènements majeurs du 24 septembre ont exacerbé un environnement sécuritaire qui se dégradait déjà, marqué par une atmosphère de suspicion mutuelle et de perceptions contradictoires en particulier dans le nord du Kosovo », a déclaré devant le Conseil de sécurité la cheffe de la mission des Nations unies au Kosovo Caroline Ziadeh, appelant au « dialogue » pour sortir de l « impasse politique ».

« Des mesures de désescalade sont cruciales pour réduire les tensions », a-t-elle insisté, notant son « espoir » après les rencontres organisées ce week-end par les Américains et les Européens à Belgrade et Pristina.

Elle a notamment appelé à l’établissement « sans délai ni précondition » de l’association des municipalités serbes au Kosovo.

Dans ces villes majoritairement serbes du nord du Kosovo, les électeurs serbes ont boycotté le dernier scrutin, menant à l’élection de maires albanais – avec moins de 4 % de participation. Leur prise de fonction avait dégénéré à l’émeute au printemps.

« La communauté des municipalités serbes est un élément inévitable sur lequel repose la mise en place de tout autre accord », a insisté devant le Conseil de sécurité de l’ONU la première ministre serbe Ana Brnabic, faisant d’autre part porter à Pristina la responsabilité des évènements du 24 septembre.

Ils sont « la conséquence logique, malheureusement, du règne de peur et de terreur imposé par Pristina malgré les appels à la désescalade de la communauté internationale », a-t-elle déclaré, décrivant une « campagne silencieuse de nettoyage ethnique ».

Des mots repris par la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani-Sadriu, accusant Belgrade de « nettoyage ethnique par des moyens administratifs » en Serbie et de « renvoyer la région dans les années 1990 ».

« Ce qui s’est passé le 24 septembre n’était pas seulement une attaque contre le Kosovo, c’était un plan pour déstabiliser les Balkans occidentaux », a-t-elle estimé.

Le Kosovo, 1,8 million d’habitants dont 120 000 Serbes, a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008 – ce que Belgrade n’a jamais accepté. Et la question reste obsessionnelle pour une partie des Serbes, qui considèrent le territoire comme leur berceau national et religieux.