(Moscou) La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée le 18 octobre en Russie, a été formellement inculpée jeudi pour des manquements liés au statut d’« agent de l’étranger », a annoncé son employeur, le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL).

La Russie mène une vaste campagne de répression à l’encontre des médias indépendants, ONG, avocats et opposants depuis le début de son offensive contre l’Ukraine en février 2022.

Evan Gershkovich, un autre journaliste américain travaillant lui pour le Wall Street Journal, avait été arrêté en mars dernier, soupçonné d’espionnage – des accusations qu’il rejette –, la première affaire de ce genre depuis le temps de l’URSS.

« Alsu Kurmasheva […] a été inculpée », a indiqué RFE/FL dans un communiqué publié jeudi sur son site.

PHOTO VLADISLAV MIKHNEVSKII, ASSOCIATED PRESS

Alsu Kurmasheva lors de sa comparution, le 23 octobre dernier.

Selon le média américain, « c’est la première fois qu’un journaliste fait l’objet d’une procédure pénale » pour manquements liés à l’inscription au registre des « agents de l’étranger ».

Ce statut, qui rappelle le qualificatif soviétique d’« ennemi du peuple », impose aux personnes ou entités visées des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd.

Mme Kurmasheva, qui rejette toute culpabilité, a été arrêtée le 18 octobre dernier alors qu’elle était engagée dans « la collecte intentionnelle d’informations concernant des activités militaires » pouvant être dommageables pour « la sécurité de la Russie », selon la justice russe. Elle risque jusqu’à cinq ans de prison.

La journaliste, qui réside d’ordinaire à Prague avec son mari et ses deux filles adolescentes, s’était rendue en Russie pour une « urgence familiale » le 20 mai, mais n’avait pas pu repartir, car ses passeports américain et russe lui avaient été confisqués.

Selon le site internet Tatar Inform, elle avait été condamnée à une amende le 11 octobre pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes.  

D’après ce média, qui cite des sources policières anonymes, Mme Kurmasheva a notamment travaillé sur la mobilisation d’enseignants par l’armée.

Radio Free Europe/Radio Liberty a appelé à la « libération immédiate » de sa journaliste.