(Blendecques) Des crues « historiques » de la Liane et de l’Aa ont entraîné l’inondation de vastes zones du Pas-de-Calais, autour de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, où la situation s’améliore mardi soir, la vigilance restant de mise pour le fleuve Canche, alors que de nouvelles pluies sont attendues.

« On n’avait plus d’électricité et les compteurs d’électricité commençaient à prendre feu […] donc les pompiers et la police municipale sont venus nous chercher », témoigne Nathalie Quehen, évacuée mardi de sa maison de Blendecques, bourg proche de Saint-Omer traversé par l’Aa. « On est tous vivants, les animaux aussi, donc c’est que du dégât matériel ».

À 20 h, « la situation s’est légèrement améliorée sur les bassins de la Liane et de l’Aa permettant la levée de la vigilance rouge » note la préfecture, tout en soulignant que pour le bassin de la Canche, « le risque de crue reste important ».

Quelques jours après le passage de Ciaran, une soixantaine de communes du département ont été touchées par ces nouvelles inondations, qui ont fait de gros dégâts.

Lundi, une personne avait été légèrement blessée par la foudre tombée sur une habitation et une autre, « bloquée dans sa voiture », avait été évacuée de justesse, selon la préfecture du Pas-de-Calais.

Dans le Nord, deux personnes ont été légèrement blessées en faisant de l’aquaplanage à Houtkerque, d’après la préfecture du Nord.

Mardi soir, quatre autres départements restent placés en vigilance orange aux crues dans l’ouest de la France : Dordogne, Gironde, Charente-Maritime et Charente.

Dans ce dernier département, un homme de 70 ans est mort d’hypothermie après être tombé dans le fleuve Charente à Fontclaireau, dans une zone inondée, et avoir été emporté par le courant, selon le parquet d’Angoulême.

Un second homme, qui travaillait avec lui sur un moulin au bord du fleuve, a été transporté à l’hôpital en urgence absolue.

Tous vivants

Pour la nuit de mardi à mercredi, la Croix Rouge a ouvert trois centres d’hébergement d’urgence dans le département et en a « pré-positionné » un quatrième, mais en début de soirée seuls une quinzaine de lits dans celui de Saint-Étienne-au-Mont étaient occupés, selon la présidente départementale Fabienne Berquier.

Vigicrues a qualifié auprès de l’AFP les crues de la Liane et de l’Aa d’« historiques », précisant qu’elles dépassaient les épisodes de référence enregistrés pour ces deux fleuves côtiers.  

La Liane, qui avait déjà atteint des niveaux records dans la nuit du 2 au 3 novembre au passage de la tempête Ciaran, enregistre ainsi un nouveau record.  

« Jamais vu ça »

Entre Isques et Notre-Dame-au-Mont, où le lit de la Liane fait habituellement quelques mètres de large, l’eau s’étend à certains endroits, sur près de 200 mètres de large mardi après-midi.

« J’ai 350 habitations concernées, un quartier complet sous les eaux et difficilement accessible, tout mon centre-ville impacté », a résumé à la mi-journée Brigitte Passebosc, maire de Saint-Etienne-au-Mont, dans le Boulonnais.

« Je connais des gens qui sont nés sur la commune, qui ont 80-85 ans et qui n’ont jamais vu ça », souligne l’élue, prévoyant « des dégâts psychologiques importants » pour ses administrés.

Les établissements scolaires de près de 70 communes, dont Saint-Omer, 15 000 habitants, sont restés fermés mardi sur décision de la préfecture.

Une décision qui « n’a pas vocation à être reconduite » mercredi, a-t-elle annoncé mardi soir, certains établissements affectés par les crues pouvant toutefois « au cas par cas, demeurer fermés après décision de l’Éducation nationale et des collectivités locales ».

La circulation a été interrompue sur les lignes de TER Beauvais-Abancourt-Le Tréport, Etaples-Saint-Pol-sur-Ternoise et Calais-Amiens, en raison de l’inondation des voies, a indiqué la SNCF. Sur les deux premières lignes, elle devrait reprendre mercredi, sur la troisième seulement jeudi.  

De nombreuses routes départementales ont également dû être barrées.

Dans un communiqué, la FDSEA62 a pointé la nécessité de « rénover et redimensionner » les réseaux hydrauliques du département, qui compte une vaste zone de marais autour de Saint-Omer, « pour faire face aux défis du XXIe siècle ».