(Moscou) L’armée russe a affirmé vendredi avancer « dans toutes les directions » en Ukraine, où elle est à l’offensive dans l’est du pays, mais sur un front en grande partie bloqué à l’entrée de l’hiver les forces ukrainiennes assurent repousser ces attaques et maintenir les quelques positions acquises dans la contre-offensive de ces derniers mois.  

Alors que selon une source sécuritaire ukrainienne à Kyiv les services de sécurité SBU ont porté le conflit jusqu’au plus profond du territoire russe en faisant sauter des convois de produits pétroliers sur la voie ferroviaire stratégique Baïkal-Amour (BAM), desservant l’Extrême-Orient du pays, le président russe Vladimir Poutine a ordonné par décret dans la soirée d’augmenter d’encore 15 % le nombre de soldats russes, déjà porté à 1,15 million en 2022.

« L’augmentation des effectifs des forces armées est due à une augmentation des menaces visant notre pays », a explicité le ministère russe de la Défense, citant l’offensive contre l’Ukraine et la « poursuite de l’élargissement de l’OTAN ».

En Ukraine même, les forces russes « étendent leurs zones de contrôle dans toutes les directions », avait précédemment affirmé le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, assurant que les capacités de combat des Ukrainiens avaient été « considérablement réduites » après leur contre-offensive.

La contre-offensive ukrainienne, déclenchée cet été après des mois de préparatifs, s’est figée dans le Sud et l’Est face à l’ampleur des défenses — notamment de redoutables champs de mines — déployées par les Russes, sans progressions d’ampleur ni espoir de percée à l’entrée de l’hiver.

Depuis de début de l’automne, les forces russes attaquent de leur côté sans relâche Avdiïvka, une ville industrielle de la banlieue de Donetsk (est) qu’ils cherchent à encercler et à prendre.

Oleksandre Tarnavsky, le commandant ukrainien responsable de la zone d’Avdiïvka, a cependant assuré vendredi que ses hommes « tiennent fermement les lignes », infligeant encore et toujours des pertes importantes aux Russes, qui lancent selon lui des attaques à l’aide de blindés mais aussi par vagues humaines successives.

Dans leur compte-rendu quotidien, les forces armées ukrainiennes ont du reste démenti en substance les déclarations du ministre russe, affirmant avoir repoussé d’innombrables attaques russes sur toute la ligne de front.

Selon ce compte rendu publié vendredi soir, 67 confrontations armées ont eu lieu. L’armée ukrainienne affirme avoir repoussé 9 attaques russes dans la zone de Koupiansk (nord-est), 7 dans celle de Lyman (est), 18 dans celle de Bakhmout, 16 dans celle d’Avdiïvka.

PHOTO SABRINA BLANCHARD, AFP

Carte des zones contrôlées par les forces ukrainiennes et russes en Ukraine au 30 novembre 2023.

« Dans la région de Zaporijjia (sud), l’ennemi a tenté en vain, à 10 reprises, de reprendre le terrain perdu » lors de la contre-offensive ukrainienne, selon le compte rendu ukrainien.

Quant à la région méridionale de Kherson, où les forces ukrainiennes ont réussi à implanter des têtes de pont sur la rive gauche du fleuve Dniepr où ils avaient réussi à repousser les Russes l’année dernière, « les forces armées vont continuer d’y tenir leurs positions », a assuré l’armée ukrainienne.

L’AFP n’était pas en mesure de vérifier l’ensemble de ces affirmations de manière indépendante.

Les forces russes continuent en tout cas de bombarder chaque nuit des villes d’Ukraine.  

Sabotages en Russie

Dans la nuit de jeudi à vendredi, « l’ennemi a utilisé deux missiles Kh-59 et 25 drones d’attaque Shahed 136/131 », a indiqué l’armée de l’air ukrainienne, affirmant avoir abattu 18 drones et un missile au-dessus des régions méridionales.

Elle n’a pas indiqué si la Russie était parvenue à toucher ses cibles.

L’Ukraine de son côté lance régulièrement des drones en direction du territoire russe, certains atteignant même Moscou. Ils sont généralement abattus par la défense anti-aérienne russe, faisant des dégâts limités.  

Mais cette fois, c’est à des milliers de kilomètres à l’est que les services ukrainiens de sécurité (SBU) ont mené une double opérations de sabotage sur la magistrale Baïkal-Amour, une voie ferrée d’importance stratégique desservant l’Extrême-Orient russe, a affirmé vendredi à l’AFP une source au sein des forces de l’ordre ukrainiennes.  

La première attaque a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans le tunnel Bessolov de Severomouïsk, le plus long en Russie, a affirmé cette source, selon laquelle quatre engins explosifs ont été déclenchés lors du passage d’un convoi de produits pétroliers.  

La deuxième a ensuite visé une section alternative de la voie ferrée vers laquelle le trafic avait été détourné, au moment où un convoi « passait sur un pont haut de 35 mètres de haut », a affirmé cette source.  

Le SBU a refusé de commenter officiellement ces affirmations.  

Les chemins de fer russes se sont bornés à faire état jeudi sur Telegram d’un feu sur un train transportant du combustible dans le tunnel de Severomouïsk. Le trafic ferroviaire a été détourné vers une autre section, ont-ils ajouté, sans citer le deuxième incident.  

Cependant, la chaine Telegram Baza proche des services de sécurité russes et suivie par plus d’un million de personnes a fait état vendredi de « sabotage » ayant causé des explosions sur deux trains « dans la même zone » de Bouriatie.