(Moscou) La Russie a engagé de nouvelles poursuites contre Alexeï Navalny, a annoncé vendredi cet opposant qui purge déjà une peine de 19 ans de prison, alors que Moscou renforce sa répression de toute voix dissidente depuis le début de son offensive contre l’Ukraine.

Le charismatique militant anticorruption, critique numéro 1 du Kremlin, avait échappé de peu à la mort lorsqu’il avait été empoisonné en août 2020, passant plusieurs mois de convalescence en Allemagne.

Arrêté en janvier 2021 à son retour, Alexeï Navalny, 47 ans, a depuis été condamné à de lourdes peines, dont la dernière, en août, à 19 ans de prison pour « extrémisme ».

Les autorités l’accusent désormais de « vandalisme », ce qui pourrait ajouter trois années de détention à sa peine, a-t-il affirmé, citant une lettre du Comité d’enquête russe qu’il a reçue en prison.

« Ils lancent une nouvelle procédure pénale contre moi tous les trois mois », a-t-il dénoncé sur les réseaux sociaux.

« Jamais un détenu, placé à l’isolement depuis plus d’un an, n’avait eu une vie sociale et politique si riche », a ironisé l’opposant.

Il communique essentiellement via des messages transmis à ses avocats puis diffusés sur l’internet, notamment pour dénoncer l’offensive en Ukraine et appeler les Russes à continuer de « résister » au Kremlin.

Depuis plus de deux ans et demi, Alexeï Navalny alterne les séjours à l’isolement avec des conditions de détention plus ou moins strictes, des décisions de l’administration pénitentiaire qu’il condamne à chaque fois.

Le temps passé derrière les barreaux a déjà eu des conséquences sur sa santé, et le militant autrefois rayonnant apparaît aujourd’hui amaigri et vieilli.

La Russie est confrontée depuis plusieurs années à une répression croissante des voix critiques, qui s’est nettement accélérée après le début de l’assaut russe contre l’Ukraine en février 2022.

La quasi-totalité des opposants d’envergure ont été emprisonnés ou poussés à l’exil et des milliers de Russes ordinaires poursuivis pour avoir manifesté leur désaccord avec le Kremlin, y compris sur les réseaux sociaux.