(Varsovie) Le plus grand point frontalier entre l’Ukraine et la Pologne a été débloqué lundi malgré un mois de blocage par les routiers polonais, à la suite d’une décision des autorités locales qui ont retiré l’autorisation de protester.  

La circulation des camions à quatre postes-frontière est paralysée depuis novembre par les camionneurs polonais, qui exigent la réintroduction des permis d’entrée dans l’Union européenne pour leurs concurrents ukrainiens.  

Lundi, les autorités locales de Dorohusk ont annoncé qu’elles avaient décidé d’annuler le permis autorisant la manifestation au poste de contrôle, en invoquant les conséquences de la manifestation pour d’autres entreprises polonaises.

« Les entrepreneurs subissent déjà des pertes très importantes et, malheureusement, quelqu’un a dû prendre une telle décision », a déclaré à l’AFP le maire de Dorohusk, Wojciech Sawa.

La démarche ne s’est pas faite en consultation avec les autorités ukrainiennes, a-t-il dit.

« J’ai pris cette décision moi-même, après mûre réflexion et après avoir reçu de nombreux appels téléphoniques de toute la Pologne, je ne peux pas permettre que des gens perdent leur emploi dans d’autres secteurs de notre économie », a déclaré M. Sawa.

Lundi, Kyiv a confirmé la réouverture du point de passage de Dorohusk entre l’Ukraine et la Pologne.

« Le blocage du point de passage Iagodyn-Dorohusk est fini. Une circulation stable de camions a repris à 14 h locales » (7 h heure de l’Est), a indiqué le ministre des Infrastructures Oleksandre Koubrakov sur Facebook.

Selon lui, 15 premiers camions à destination de l’Ukraine se trouvent déjà dans l’enceinte de ce poste-frontière côté polonais et 25 autres allant vers la Pologne ont commencé les procédures du côté ukrainien.

« La frontière doit être entièrement débloquée et aucun autre blocage ne doit être autorisé », a-t-il insisté.

Des compagnies de transport polonaises ont bloqué début novembre d’abord trois, puis les quatre postes-frontière destinés au passage des poids lourds entre l’Ukraine et la Pologne pour protester contre les routiers ukrainiens dont elles jugent la concurrence « déloyale ».  

Ils exigent avant tout le rétablissement d’un système européen de permis pour les compagnies de transport ukrainiennes qui envoient des camions en Pologne.

Le blocage a créé des files d’attente interminables à la frontière et représente un problème économique majeur pour Kyiv, qui compte beaucoup sur la route pour ses exportations et importations de marchandises.

L’UE avait renoncé à ce système pour soutenir Kyiv après le début de l’invasion russe en février 2022. Signé d’abord pour un an en juin 2022, un accord visant à libéraliser le transport de marchandises entre l’Ukraine et l’UE a ensuite été prolongé jusqu’en juin 2024.

Contacté par l’AFP, le ministère polonais des Infrastructures a déclaré qu’aucun accord n’avait été conclu entre la Pologne et l’Ukraine pour résoudre le conflit.  

Kyiv a déclaré plus tôt que les retombées de la manifestation avaient été « catastrophiques » et que les conducteurs ukrainiens bloqués à la frontière vivaient des conditions « désastreuses ».