(Bruxelles) Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi les dirigeants européens à ne pas abandonner l’Ukraine et à retrouver leur unité en envoyant un message clair de soutien à son pays en guerre contre la Russie.

« Je vous demande une chose, ne trahissez pas les citoyens et leur foi dans l’Europe », a déclaré le président ukrainien dans un discours en vidéoconférence devant les 27 réunis en sommet à Bruxelles.

« N’offrez pas à (Vladimir) Poutine cette première-et seule-victoire de l’année », a-t-il exhorté, estimant que l’heure n’était pas « aux demi-mesures ou à l’hésitation ».

« Aujourd’hui, c’est le jour d’une décision politique en réponse à ce que nous avons accompli. Il s’agit d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine », a-t-il martelé.

Kyiv attend un feu vert des dirigeants européens sur l’ouverture de ces négociations, pour l’instant hors d’atteinte en raison du refus obstiné de la Hongrie de Viktor Orban. L’unanimité des Vingt-Sept est en effet requise sur les questions d’élargissement.

« Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies », a lâché ce dernier dès le début du sommet le dirigeant nationaliste qui s’oppose aussi à un soutien budgétaire de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine.

Le président ukrainien répète de son côté que son pays a rempli toutes les conditions réclamées par Bruxelles pour lancer le processus et attend avec impatience cette marque de soutien des Européens, au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient.

PHOTO SABRINA BLANCHARD, AFP

Les différentes étapes du processus d'adhésion à l'Union européenne (UE) et les pays qui postulent.

Depuis des semaines les nuages s’accumulent au-dessus de l’Ukraine. Sa contre-offensive militaire n’a pas produit de percée décisive et l’aide occidentale, indispensable à l’effort de guerre, est bloquée.

Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, Vladimir Poutine affichait, depuis Moscou, sa confiance dans une victoire russe. « Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions », a-t-il affirmé.

« Si Poutine gagne en Ukraine, il y a un risque réel que son agression ne s’arrête pas là », a averti de son côté le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg.

« L’unité est la clé »

Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, « la continuation et la hausse » de l’aide à l’Ukraine est une « question existentielle » pour l’UE.

« L’unité est la clé », a insisté en écho la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.

Encore faut-il savoir ce que le premier ministre hongrois, souvent seul contre tous, entend cette fois obtenir.

La Hongrie réclame de l’Union européenne qu’elle débloque tous les fonds lui revenant, mais qui ont été gelés en raison de manquements à l’État de droit.

Elle a obtenu mercredi le déblocage de dix milliards d’euros, après une décision de la Commission européenne qui a provoqué la colère d’eurodéputés. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la faiblesse de Bruxelles face au « chantage » du premier ministre hongrois.  

Dans son discours, Volodymyr Zelensky a détaillé le calendrier possible : ouvrir les négociations d’adhésion « aujourd’hui », et approuver, en mars, le « cadre de négociation » pour avancer.  

Le dirigeant hongrois cédera-t-il finalement à la pression de ses partenaires européens, comme il l’a déjà fait dans le passé, après avoir obtenu certaines concessions ?

« Viktor Orban est le dirigeant européen le plus expérimenté » au sein du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’État ou de gouvernement des 27, explique un responsable européen, sous couvert d’anonymat.  

« Je pense qu’il sait exactement comment ne pas se retrouver seul dans le coin du ring », isolé de tous les autres pays européens, assure-t-il.

À moins que Viktor Orban ne soit cette fois tenté d’aller jusqu’au bout.

Interrogé mercredi sur un possible « Huxit », une sortie de la Hongrie de l’UE, le premier ministre a lancé : « Je ne veux pas partir, mais prendre le pouvoir […] de l’intérieur », en ralliant de plus en plus de pays.