(Vilnius) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé mercredi en Lituanie que les hésitations des Occidentaux sur les livraisons d’aide à Kyiv encourageaient Vladimir Poutine, qui veut « occuper » toute l’Ukraine.

« Nous devons prêter attention à la rhétorique de Poutine. Il ne va pas s’arrêter. Il veut nous occuper complètement », a déclaré M. Zelensky pendant une conférence de presse commune à Vilnius avec son homologue lituanien Gitanas Nauseda, au cours de la première étape de sa tournée surprise dans les Pays baltes.

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« Parfois, les hésitations de nos partenaires concernant l’aide financière et militaire à l’Ukraine ne font qu’accroître le courage et la force de la Russie », a-t-il ajouté.

M. Zelensky est arrivé mercredi matin dans la capitale de la Lituanie avant de se rendre en Estonie et en Lettonie, trois anciennes républiques soviétiques, aujourd’hui membres de l’OTAN et de l’UE et fermes soutiens de Kyiv face à l’invasion russe.

La visite intervient après plusieurs vagues d’intenses bombardements russes subies par l’Ukraine depuis fin décembre.

M. Zelensky a assuré devant la presse qu’en cas de défaite ukrainienne, d’autres voisins de la Russie risquaient d’être attaqués.  

PHOTO PETRAS MALUKAS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Volodymyr Zelensky et le président lituanien, Gitanas Nauseda

« Nous devons comprendre que la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et la Moldavie pourraient être les prochaines victimes si nous ne tenons pas », a-t-il averti.

Volodymyr Zelensky a par ailleurs souligné que son pays « manquait cruellement » de systèmes occidentaux de défense antiaérienne.

« Ces derniers jours, la Russie a frappé l’Ukraine avec un total de 500 engins, nous en avons détruit 70 % », a-t-il expliqué.

« En finir »

Lors d’une réunion à Bruxelles mercredi, les pays de l’OTAN ont réaffirmé leur engagement à renforcer les défenses de l’Ukraine. Ils « ont clairement indiqué qu’ils continueraient à fournir à l’Ukraine une aide militaire, économique et humanitaire importante, et de nombreux Alliés ont présenté des plans visant à fournir des milliards d’euros de capacités supplémentaires en 2024 », a déclaré l’Alliance dans un communiqué.

D’après M. Zelensky, la guerre en Ukraine ne se terminera pas tant que Kyiv et les Occidentaux n’en auront « pas fini » avec le président russe.  

« Il ne va pas en finir avec ça (NDLR, la guerre) tant que nous, ensemble, n’en aurons pas fini avec lui », a-t-il dit.  

Ces déclarations interviennent à un moment où un programme d’aide de l’UE d’une valeur de 50 milliards d’euros est toujours bloqué à Bruxelles à la suite du veto de la Hongrie, tandis que le Congrès américain reste divisé sur l’octroi d’une assistance supplémentaire à Kyiv.

Selon un rapport du centre de recherche allemand Kiel Institute paru en décembre, l’aide promise à l’Ukraine entre août et octobre 2023 a chuté de près de 90 % par rapport à la même période en 2022, atteignant son niveau le plus bas depuis le début de la guerre.

La Lituanie est, quant à elle, le plus grand contributeur en matière d’aide à l’Ukraine en proportion du PIB, selon le Kiel Institute qui recense l’aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l’Ukraine depuis le 24 février 2022, date du début de l’offensive russe.

Cet État balte s’est déjà engagé à fournir au total à Kyiv une aide gouvernementale représentant près de 1,4 % de son PIB, d’après ce centre de recherche.

Mercredi, le président lituanien a assuré que son pays continuerait à « soutenir les Ukrainiens courageux par tous les moyens, y compris militaires, économiques et politiques ».

Il a ajouté que la Lituanie allait envoyer en Ukraine en février plusieurs types d’armements y compris des drones et des véhicules blindés M577.

« Un monde beaucoup plus dangereux »

Les autres Pays baltes, l’Estonie et la Lettonie, ont pour leur part été classés en deuxième et cinquième positions, l’aide annoncée de ces deux membres à la fois de l’OTAN et de l’UE s’élevant au total respectivement à 1,3 et à 1,1 % de leur PIB.  

Le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a assuré que Tallinn était prêt à « allouer 0,25 % de son PIB à l’aide militaire à l’Ukraine » au cours des quatre prochaines années.

« Il est bien moins coûteux de soutenir l’Ukraine maintenant comparé au prix que la communauté internationale devrait payer si la Russie atteignait les objectifs de cette agression impitoyable », a jugé M. Tsahkna sur X, dimanche.

De son côté, la première ministre estonienne Kaja Kallas a souligné mercredi l’importance du soutien sans faille à l’Ukraine.

« Nous devons soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra […] Si nous laissons les agresseurs prendre le pas sur le droit international et dicter les règles du jeu, nous nous retrouverons dans un monde beaucoup plus dangereux », a-t-elle martelé.

La Lettonie s’est engagée, quant à elle, « à fournir en permanence des équipements militaires et des formations aux soldats ukrainiens », a fait savoir son ministre de la Défense, évoquant en particulier les drones.

« Il s’agit de notre combat commun pour l’avenir de la liberté, de la démocratie et de l’ordre international fondé sur des règles », a lancé Andris Spruds, qui affirme que son pays a formé en 2023 environ 3000 militaires ukrainiens.

Le bombardement d’un hôtel à Kharkiv fait 11 blessés

Deux missiles russes ont frappé mercredi soir un hôtel à Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, faisant 11 blessés, parmi lesquels des journalistes turcs, a annoncé le maire de la ville Igor Terekhov.

L’un des blessés se trouve « dans un état très grave », a indiqué M. Terekhov sur Telegram.

« Des journalistes turcs se trouvent parmi les victimes », a-t-il ajouté, sans en préciser le nombre. La police a pour sa part fait état d’un journaliste d’une publication étrangère blessé.

Plusieurs autres bâtiments, dont deux immeubles résidentiels, ainsi que des voitures ont également été endommagés par la frappe, a précisé le maire.

Selon Oleg Synegoubov, chef de l’administration militaire régionale de Kharkiv, les deux missiles russes S-300 ont touché vers 22 h 30 (15 h 30 heure de l’Est) l’hôtel, situé dans le district de Kyivskyi et à l’intérieur duquel se trouvaient 30 civils.

Neuf des 11 blessés ont été hospitalisés et deux ont été soignés sur place, a-t-il ajouté sur Telegram. Il a indiqué que la personne la plus grièvement blessée était un homme de 35 ans. Les autres blessés sont trois hommes âgés de 31 à 38 ans et sept femmes âgées de 23 à 71 ans, a-t-il poursuivi.

Située à une trentaine de kilomètres de la frontière russe, Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, est régulièrement la cible de bombardements.