(Kyiv) Le premier ministre britannique Rishi Sunak, en déplacement à Kyiv, a annoncé vendredi la signature d’un accord de sécurité d’une durée de dix ans entre son pays et l’Ukraine, salué comme « sans précédent » par le président Volodymyr Zelensky.

Rishi Sunak, qui voulait envoyer un « message » avec cette visite surprise, a plaidé pour un maintien de l’aide occidentale, essentielle pour Kyiv.

Tout affaiblissement de ce soutien « encouragerait » non seulement le président russe Vladimir Poutine mais aussi « ses alliés en Corée du Nord, en Iran et ailleurs », a-t-il assuré.

« Si Poutine gagne en Ukraine, il ne s’arrêtera pas là », a affirmé le premier ministre, promettant que le pays n’était « pas seul » et ne le serait « jamais ».

Kyiv s’inquiète de voir ses alliés européens et américains hésiter, du fait de dissensions politiques internes, à lui accorder davantage d’aide pour combattre l’invasion russe.

Le nouveau chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, est lui « en route pour Kyiv » où il doit rencontrer samedi Volodymyr Zelensky pour témoigner du soutien français à l’Ukraine.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le premier ministre britannique Rishi Sunak

Le président Volodymyr Zelensky, qui tente ces dernières semaines de remobiliser ses alliés, a vanté l’« accord de sécurité sans précédent » conclu avec le Royaume-Uni pour dix ans.

« Ce n’est pas une simple déclaration. Il s’agit d’une réalité qui se concrétisera grâce à notre coopération », a-t-il promis.

Ce texte fait suite aux promesses d’accords bilatéraux de la part des pays du G7 lors du sommet de l’OTAN à Vilnius l’année dernière.

Le Royaume-Uni, soutien de la première heure de l’Ukraine face à l’invasion russe, est le premier pays à concrétiser un accord final, selon Downing Street.

Milliers de drones

Rishi Sunak a également annoncé une augmentation de l’aide militaire et la livraison de milliers de drones.

« Nous sommes l’un des soutiens les plus importants de l’Ukraine, particulièrement en ce qui concerne l’aide militaire », a-t-il déclaré.

L’aide militaire britannique pour l’année 2024/2025 s’élèvera à 2,5 milliards de livres sterling (environ 4,2 milliards de dollars canadiens), en augmentation de 200 millions de livres sterling par rapport aux deux années précédentes.

Elle portera au total à près de 12 milliards de livres sterling (plus de 20 milliards de dollars canadiens) le montant de l’aide britannique à l’Ukraine.

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Le premier ministre britannique Rishi Sunak (à droite) a rencontré des pompiers lors d’une visite des bâtiments endommagés à Kyiv, le 12 janvier.

Ce soutien est à la mesure de « la gravité de la situation ici » et de « notre détermination » à soutenir l’Ukraine, a ajouté Rishi Sunak, soulignant qu’il s’agit, pour cette année, de sa première visite à l’étranger et de la première d’un dirigeant étranger en Ukraine.

« Poutine pense peut-être qu’il peut tenir plus longtemps que nous, mais il se trompe », a-t-il promis.

Sa visite intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti jeudi que toute « pause » dans la défense de l’Ukraine ne ferait qu’aider Moscou à se réarmer et lui permettrait d’« écraser » l’Ukraine.

L’enveloppe britannique doit servir à fournir missiles longue portée, défense aérienne, munitions d’artillerie et instruments de sécurité maritime.

Au moins 200 millions de livres s’inscrivent dans une démarche visant à « fournir et produire rapidement des milliers de drones militaires », notamment des « drones de surveillance, de frappe à longue portée et des drones maritimes », selon Downing Street.

Il s’agira, selon Londres, de « la plus importante livraison de drones à l’Ukraine, tous pays confondus ». La plupart de ces aéronefs seront produits au Royaume-Uni.

Deux morts lors d’une frappe russe à Kherson

Des bombardements russes ont fait deux morts à Kherson, grande ville du sud de l’Ukraine ciblée quasi quotidiennement, a indiqué vendredi le gouverneur régional, Oleksandre Prokoudine.

« Les occupants ont tapissé les rues de la ville avec de l’artillerie », a-t-il écrit sur Telegram, partageant des images de voitures incendiées et de corps au sol.

« Une femme est morte sur les lieux » et un « corps brûlé » a été retrouvé dans l’un des véhicules, a-t-il précisé.

Seul le fleuve Dniepr, barrière naturelle, sépare Kherson de l’armée de Moscou, qui bombarde la ville de façon intense.

Elle avait été reprise par les forces de Kyiv en novembre 2022, après plusieurs mois aux mains des troupes russes.

De l’autre côté de la ligne de front, dans l’est de l’Ukraine occupée par la Russie, les autorités locales ont affirmé que deux personnes, dont un soignant, avaient été tuées et six autres blessées vendredi par une frappe de drone ukrainienne.

« Un drone des forces armées ukrainiennes a frappé une ambulance », a affirmé sur Telegram Ivan Prikhodko, le maire de Gorlivka, une ville contrôlée par la Russie depuis 2014 et située à une quarantaine de kilomètres de Donetsk.

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La ville de Gorlivka, située près du front, est régulièrement touchée par des bombardements depuis le début du conflit entre Kyiv et des séparatistes prorusses en 2014, puis l’attaque à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine en février 2022.

Selon cette source, l’attaque a eu lieu alors que des secouristes prenaient en charge des blessés touchés par une frappe, menée plus tôt contre des installations électriques dans le nord de Gorlivka.

Un urgentiste et un employé d’une entreprise de fourniture d’électricité sont morts et « six autres habitants » ont reçu des blessures « de gravité diverse », toujours selon le maire.

Il a publié une photo montrant une ambulance à la carrosserie cabossée et avec une porte arrachée.

La ville de Gorlivka, située près du front, est régulièrement touchée par des bombardements depuis le début du conflit entre Kyiv et des séparatistes prorusses en 2014, puis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022.