(Paris) L’éruption volcanique survenue récemment près du port islandais de Grindavik confirme le réveil d’une longue faille dont le magma pourrait à nouveau surgir presque sans prévenir dans les années à venir, explique à l’AFP un spécialiste de ces phénomènes.

L’activité volcanique semblait s’être calmée lundi selon la protection civile islandaise, au lendemain d’une éruption qui a touché Grindavik, dans la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de l’Islande.  

Cette grande île de l’Atlantique Nord, qui est la plus vaste et la plus active région volcanique d’Europe, se situe à cheval sur la dorsale médio-atlantique. Cette fissure du plancher océanique, qui sépare les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine, fait l’objet de toutes les attentions.

Car l’éruption de Grindavik est la cinquième en trois ans à toucher la péninsule de Reykjanes.  

« Après huit siècles de pause relative et d’arrêt complet d’activité en surface, on est entré dans un nouvel épisode d’écartement des plaques qui peut durer plusieurs années, une décennie éventuellement », déclare le volcanologue Patrick Allard, de l’Institut de physique du globe de Paris.

Peu avant mars 2021 et la première éruption de cette série de cinq évènements, « on a vu le sol se déformer, du magma remonter des profondeurs et s’introduire dans la faille », poursuit le scientifique.  

La présence de ce volume important de magma près de la surface s’est traduite par une série d’éruptions. Les deux dernières (le 18 décembre dernier puis le 14 janvier à proximité de Grindavik), très brèves et précédées par peu d’activité sismique, « témoignent du fait que le magma est très proche de la surface, prêt à faire éruption ».

La minceur de la croûte terrestre va faciliter ces « relâchements de pression », avec des volumes de magma sortant à l’air libre qui ne devraient « pas être énormes ».

Mais la localisation de la faille est problématique. Elle menace la centrale géothermique de Svartsengi située dans ce même secteur et qui fournit eau et électricité à quelque 30 000 habitants, soit un dixième environ de la population islandaise.  

Et l’incertitude « soulève la question même de l’existence de cette ville » portuaire de Grindavik, « bâtie sur les coulées survenues il y a 800 ans », ajoute Patrick Allard.

Avec un temps d’avertissement très court avant une éruption. Les deux dernières ont ainsi été précédées « par simplement quelques heures d’une crise sismique liée à la fracturation terminale de ce nouveau magma qui monte ».

Au risque d’une éruption dans la ville même, s’ajoute celui d’une éruption sous-marine avec des « phénomènes explosifs dégageant plus de cendres volcaniques et de fragments ».  

Un impact économique, mais aussi social : les 4000 habitants de Grindavik ont été évacués en novembre, ce qui, à l’échelle de la France, équivaut à vider « une ville de 700 000 habitants », relève le volcanologue.