(Paris) Le gouvernement a commencé mercredi le service après-vente de la longue conférence de presse donnée la veille par Emmanuel Macron sans détailler des annonces particulièrement axées sur l’autorité et la jeunesse, que les oppositions ont critiquées sur le fond comme sur la forme.

L’intendance est priée de suivre pour la mise en œuvre de ce programme qui emprunte volontiers à des valeurs conservatrices.  

Opportunément, six ministres s’étaient fait inviter dans les matinales télé et radio mercredi, au lendemain de l’exercice-fleuve du chef de l’État (2 h 20) qui, bien que multidiffusé, n’a guère passionné les Français, avec une audience cumulée de 8,7 millions de téléspectateurs en heure de grande écoute.  

« Nous avons un président qui fixe le cap et un gouvernement qui applique les modalités d’exécution », a résumé la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot sur franceinfo.  

« Il a fixé une liste de nouveaux défis et de nouveaux caps », a abondé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu sur France Inter, rappelant néanmoins que dans son champ de compétence, « le temps n’est plus aux annonces, il est à la mise en œuvre ».  

Tâche qui incombe à Gabriel Attal qui aura « l’occasion de détailler un calendrier de réformes avec des temporalités, avec des précisions sur un certain nombre de sujets », a-t-il expliqué.  

La déclaration de politique générale du premier ministre ne se tiendra toutefois que dans deux semaines, le 30 janvier, et son équipe n’est toujours pas au complet, y compris sur des sujets sensibles comme le transport et le logement. Elle le sera « d’ici une dizaine de jours », a assuré Prisca Thévenot dans son premier compte-rendu de conseil des ministres, dont l’ordre du jour était à nouveau réduit au strict minimum.  

La toute nouvelle porte-parole a par ailleurs lâché que Gabriel Attal ne solliciterait pas de vote de confiance au Parlement à l’issue de ce discours fondateur pour tout locataire de Matignon.  

Une réunion de ministres à Matignon visant à préparer cette épreuve du feu pour Gabriel Attal est prévue jeudi.  

Dans l’immédiat, 51 % des Français assurent ne pas avoir été convaincus par la longue prise de parole du président, selon un sondage BVA.

« Mon objectif, c’est Paris »

Installé sur une estrade, dans la salle des Fêtes de l’Élysée, devant plus de 200 journalistes, Emmanuel Macron a présenté une feuille de route particulièrement dense dans le domaine de la jeunesse, entre généralisation de l’uniforme et du Service national universel (SNU).  

La ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra en pleine tourmente s’est montrée soulagée de conserver « la confiance du chef de l’État ». Ce dernier l’a publiquement absoute mardi de sa « maladresse » quant à son choix de scolariser ses enfants dans le privé, qu’elle avait expliqué par « les paquets d’heures pas sérieusement remplacées ». Ainsi confortée, elle a exprimé mercredi sur France 2 sa « détermination » à « faire réussir l’école publique ».

Le chef de l’État a aussi tenté de marquer les esprits en proposant des mesures pour relancer la natalité, au plus bas en France depuis 1946, avec en particulier la création d’un nouveau congé de naissance pour les parents.

Seul grain de sable dans une séquence présidentielle bien huilée, la nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati a tenu à rappeler mercredi que son « objectif, c’est Paris » et qu’elle serait candidate aux municipales de 2026. Au risque de faire mentir Emmanuel Macron qui a nié la veille tout accord électoral passé avec elle pour qu’elle accepte d’entrer au gouvernement.  

« Rachida Dati est en campagne pour le pays au sein du gouvernement », s’est borné à réagir Prisca Thévenot.

« On sait bien que c’est l’objectif de sa vie […] Qui est surpris ? », a réagi le premier secrétaire du PS Olivier Faure, quand son collègue Arthur Delaporte a dénoncé plus largement dans le discours du chef de l’État « un arrière-fond purement réactionnaire ».  

Il y a « un mot qui n’a pas été prononcé, c’est le mot partage », a abondé sur France Inter le coordinateur politique de LFI Manuel Bompard.  

À droite, le chef des députés LR Olivier Marleix s’est agacé : « il est ministre de tout, il est Président de rien », interrogeant : « il est où le cap ? ».

Longuement prise pour cible par Emmanuel Macron, l’extrême droite n’était pas en reste mercredi : le député Julien Odoul (RN) a évoqué « une forme d’hommage, de venir sur nos propositions et nos solutions ».