(Davos) L’Ukraine travaillera avec quiconque gagnera les élections américaines, a assuré à l’AFP son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba à Davos.

« J’accepterai l’opinion du peuple américain, et nous travaillerons avec toutes les réalités qui se présenteront après les élections », a-t-il indiqué en marge de la réunion annuelle du Forum économique mondial.

L’ombre de Donald Trump, qui n’a pas fait le déplacement en Suisse, plane sur la réunion de Davos, où la perspective de son éventuelle nouvelle élection à la présidence américaine est beaucoup débattue, en public et en privé.

En particulier, la politique américaine envers l’Ukraine – déjà incertaine actuellement en raison de fortes divisions au Congrès – pourrait changer : Donald Trump pourrait être tenté de drastiquement réduire l’aide militaire accordée au pays en guerre.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et M. Trump se connaissent « et se respectent », a ajouté M. Kuleba à la sortie d’un des nombreux évènements à Davos dédié à la question ukrainienne, où plusieurs responsables européens, dont le président polonais Andrzej Duda et le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, étaient aussi présents.

Cyberguerre

M. Kuleba a également appelé les pays occidentaux à « augmenter » leur soutien à l’Ukraine et à en « assurer la durabilité ».

L’Ukraine a affirmé mercredi viser en 2024 la maîtrise des airs aujourd’hui dominés par la Russie, ce qui nécessite plus de systèmes de défense aérienne.

Le pays a également besoin de capacités de « guerre électronique pour contrer les missiles russes » et « des avions, des F-16 ou d’autres avions occidentaux, avec assez de missiles à tirer », a détaillé M. Kuleba.

Le premier ministre polonais Andrej Plenkovic a expliqué à l’AFP qu’un « élément essentiel d’une victoire ukrainienne est que l’Occident reste uni dans son soutien », se disant persuadé que « les États-Unis resteront engagés dans leur soutien », quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle.

La représentante spéciale des États-Unis pour la reconstruction économique de l’Ukraine, Penny Pritzker, a aussi insisté sur l’existence d’un consensus bipartisan en faveur de l’Ukraine à Washington.

« Les États-Unis doivent être à la hauteur de leur engagement en faveur de l’Ukraine, et je pense qu’ils le seront », a-t-elle dit.

Poutine « met le feu au monde »

Volodymyr Zelensky, venu pour la première fois en personne à Davos, s’est démené auprès des décideurs internationaux, sur scène et en coulisses, pour garantir la poursuite des aides occidentales. Car presque deux ans après l’invasion russe, et avec une ligne de front globalement immobile depuis plusieurs mois, le risque de lassitude grandit.

M. Kuleba a salué « l’ambiance optimiste » dans la station de ski suisse et fait état de réunions « productives » de représentants ukrainiens avec des responsables politiques et des investisseurs, qui pourraient augurer des financements supplémentaires.

« Le monde est prêt à investir davantage dans une victoire ukrainienne », a-t-il assuré. « Les gens ont foi en l’Ukraine. »

« Nous devons être préparés pour une longue course qui nous permettra de prendre soin de la sécurité de nos citoyens et de soutenir l’Ukraine », a remarqué M. Duda, ajoutant que « sans aucun doute, Poutine a décidé de mettre le feu au monde ».