(Londres) La mystérieuse opération de la princesse Kate prive la monarchie britannique d’un de ses piliers pour plusieurs mois et laisse jeudi de nombreuses questions sans réponse, surtout à un moment où le roi et son héritier sont eux-mêmes en retrait forcé.

Charles III, chef d’État du Royaume-Uni et de 14 autres pays, à l’agenda généralement très chargé, a dû annuler plusieurs engagements avant une intervention prévue la semaine prochaine pour une hypertrophie bénigne de la prostate.

Si le palais de Buckingham a insisté sur le caractère routinier de cette procédure qui touche « des milliers d’hommes chaque année », il s’agit des premiers soucis de santé rendus publics du souverain de 75 ans depuis son accession au trône il y a un an et demi et il va devoir se plier à « une courte période » de convalescence.

La reine Camilla s’est voulue rassurante jeudi, assurant lors de la visite d’une galerie d’art en Écosse que son époux, couronné en mai, allait « bien » et qu’il était « pressé de se remettre au travail ».

Son héritier William est également hors service : il a vidé son agenda, car son épouse Kate, qui n’était plus apparue en public depuis le service religieux de Noël, a été hospitalisée mardi pour une « chirurgie abdominale ».

Les services du couple princier ont assuré que l’opération s’était déroulée « avec succès » et ont demandé le respect de sa vie privée, réclamant « que ses informations médicales personnelles restent confidentielles ».

La situation semble peu anodine. La princesse de Galles, qui vient de fêter ses 42 ans, doit rester 10 à 14 jours dans la London Clinic, hôpital haut de gamme du quartier huppé de Marylebone où sont passés le défunt prince Philip ou le président américain John Kennedy et réputé pour ses repas préparés par des chefs et son service de réservation de spectacles.

Sa convalescence à son domicile de Windsor, à l’ouest de Londres, durera au moins jusqu’à Pâques le 31 mars.

Seule information que la monarchie a laissée fuiter : il ne s’agit pas d’un cancer.

En attendant, William va prendre du temps pour rester à son chevet et s’occuper de leurs trois enfants, George, 10 ans, Charlotte, 8 ans, et Louis, 5 ans. Jeudi, il a rendu visite à son épouse, vu par un photographe de l’AFP au volant d’une berline noire quittant la clinique à la mi-journée.

Image de famille moderne

Si le quotidien The Telegraph y voit un signe de « modernité » pour une institution réputée « fière de placer le devoir avant tout », l’absence du couple laisse un grand vide dans une monarchie qui s’est resserrée au fil des crises.

Harry, le frère cadet de William, est exilé en Californie, fâché avec la famille. Et Andrew, frère de Charles, s’est mis en retrait en raison de ses liens avec le défunt financier pédocriminel Jeffrey Epstein, et après avoir dû lui-même régler par un accord financier des accusations d’agression sexuelle qu’il démentait.

Le prince et la princesse de Galles bénéficient de leur grande popularité, bien supérieure à celle du roi. Ils apportent aussi une certaine jeunesse à la monarchie longtemps dirigée par une Élisabeth II déclinante jusqu’à sa mort en 2022, à 96 ans, et désormais par un roi septuagénaire.

William et Kate s’efforcent d’afficher l’image d’une famille moderne, qui jongle avec les trajets à l’école, les devoirs et leur travail. Ils s’engagent sur des sujets dans l’air du temps comme la santé mentale.

Les tabloïds adulent Kate en qui ils voient une figure souriante, élégante et dévouée à la monarchie, un modèle aux antipodes de sa belle-sœur américaine Meghan Markle.

En l’absence de Charles, William et Kate, la monarchie est sur le terrain entre les mains des autres « royals » aux fonctions officielles : essentiellement la reine Camilla, la princesse royale Anne, discrète mais très active, et Edward, frère de Charles, ainsi que son épouse Sophie.

En cas d’incapacité du roi, deux des cinq membres de la famille au statut de conseillers d’État peuvent le remplacer de concert pour promulguer des lois ou nommer des juges. Mais le palais a assuré au Times que le roi recommencerait rapidement, une fois son intervention passée, à « lire et signer les papiers » de sa célèbre boîte rouge qu’il reçoit quotidiennement.