Dix millions de plaintes pourraient atterrir dans le répertoire international des dommages causés par la Russie en Ukraine, qui devrait être opérationnel dès avril, a annoncé mercredi le responsable de ce registre.

« Je ne serais pas surpris qu’on atteigne les 10 millions », a déclaré devant la presse Markiyan Kliuchkovskyi, directeur exécutif du Registre des dommages de la guerre en Ukraine, une nouvelle institution internationale adossée au Conseil de l’Europe.

La création de ce registre a été décidée lors d’un sommet du Conseil de l’Europe à Reykjavik en mai dernier, afin de garder trace des dommages infligés par la Russie à l’Ukraine depuis l’invasion du 24 février 2022 et d’en calculer le montant, dans l’optique d’obtenir à terme des réparations.

« L’idée est de répertorier les plaintes relatives aux pertes humaines, aux blessures, à la torture et autres souffrances physiques, y compris les violences sexuelles, aux déplacements forcés ou aux déportations, aux pertes de revenus, à la destruction de logements et des entreprises, à l’environnement », a précisé M. Kliuchkovskyi.

Le juriste ukrainien a relevé que 4 à 6 millions d’Ukrainiens étaient réfugiés à l’étranger et que 2 millions étaient déplacés à l’intérieur même du pays. Mais il ne s’est pas risqué à évaluer le montant que pourrait atteindre la facture finale.

Avant fin avril, les Ukrainiens pourront enregistrer leurs plaintes, exclusivement par la voie numérique, via une application de service public déjà existante, Diia. « Cela devra être aussi simple que se connecter avec son téléphone. Les personnes pourront facilement ajouter n’importe quel fichier, comme des photos, des certificats ou des déclarations, et les soumettre au registre en un clic. »

L’application Diia fait l’objet de cyberattaques « quasi quotidiennes », mais M. Kliuchkovskyi a souligné qu’elle ne serait qu’une « porte d’entrée » pour enregistrer les réclamations, qui seront stockées à l’étranger.

Markiyan Kliuchkovskyi a rappelé que le registre n’était qu’une première étape dans le mécanisme des compensations, reconnaissant que les moyens de les financer restaient actuellement en discussion au niveau internationale.

« La Russie est un État agresseur qui a donc le devoir de payer pour les réparations, c’est établi. Dans un monde civilisé, la Russie consentirait à payer pour les dommages subis. Mais nous n’y croyons évidemment pas », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg.