Des combats meurtriers ont opposé dimanche l’armée israélienne au Hamas palestinien à Khan Younès, épicentre, dans le sud de la bande de Gaza, de la guerre qui ravage le petit territoire palestinien, tandis qu’à Paris, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar s’emploient à négocier une trêve.  

Le secrétaire général des Nations unies a pour sa part appelé les pays donateurs à garantir la poursuite de l’aide aux civils à Gaza, malgré l’implication suspectée d’employés de l’Agence pour les réfugiés palestiniens, UNRWA, dans l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Sur le terrain, au 114e jour de guerre, l’armée israélienne a décrit des « combats intenses » à Khan Younès, qu’elle considère comme une place forte du Hamas, indiquant avoir tué « des terroristes et saisi d’importantes quantités d’armes ».

Au moins 24 personnes ont été tuées dans la journée dans cette grande ville du sud, pilonnée sans relâche par l’aviation israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.  

Les affrontements y ont notamment lieu autour des hôpitaux Nasser et al-Amal, qui ne fonctionnent plus que partiellement et abritent des milliers de réfugiés fuyant les tirs.  

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens transportent quelques effets personnels alors qu’ils fuient Khan Younès vers des zones plus sûres, le 26 janvier 2024.

Réunion « constructive » sur une trêve

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas, qui a entraîné la mort d’environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d’« anéantir » le mouvement islamiste – qu’il classe terroriste comme les États-Unis et l’Union européenne – et lancé une vaste opération militaire à Gaza, qui a fait 26 422 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas.

Pour négocier une trêve dans les hostilités, William Burns, le directeur de la CIA, a rencontré dimanche à Paris de hauts responsables israéliens et égyptiens, ainsi que le premier ministre qatari, selon des sources proches des participants.  

Cette réunion a été « constructive », a indiqué le bureau du premier ministre israélien, précisant qu’il demeurait toutefois « toujours des différends » entre les parties, qui « continueront à discuter cette semaine dans d’autres réunions ».  

Le Qatar, l’Égypte et les États-Unis avaient été à la manœuvre pour négocier la première trêve, fin novembre, durant laquelle une centaine des quelque 250 personnes enlevées en Israël le 7 octobre avaient été libérées, en échange de prisonniers palestiniens.  

Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont 28 présumés morts.

Selon le New York Times, le projet d’accord impliquerait une trêve de deux mois et la libération de tous les otages, ainsi que celle de prisonniers palestiniens en Israël.  

« Aide cruciale »

À New York, Antonio Guterres a appelé les pays donateurs ayant suspendu leur financement à l’UNRWA à « au moins garantir » la poursuite de ses opérations dans le territoire assiégé, où l’aide humanitaire entre au compte-gouttes.

« Deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide cruciale [de l’agence] pour leur survie au quotidien », a-t-il insisté.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Un camp de réfugiés à Rafah

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé a lui aussi exhorté sur X les donateurs « à ne pas suspendre leurs financements ».  

Plusieurs pays dont les États-Unis et l’Allemagne, les principaux contributeurs, l’ont fait après l’annonce par l’UNRWA vendredi que 12 de ses employés étaient suspectés d’avoir participé à l’attaque du Hamas.  

La Norvège, autre grand pays donateur, a en revanche indiqué dimanche maintenir son financement, pour ne pas « punir collectivement des millions de personnes ».  

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, a accusé M. Guterres d’avoir choisi d’ignorer « les preuves » de l’implication de l’Unrwa dans « le terrorisme ».

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a dénoncé des « menaces » contre l’agence. En Cisjordanie occupée, l’Autorité palestinienne a fustigé une campagne visant à « liquider la question des réfugiés palestiniens ».

« Si l’aide [de l’UNRWA] est suspendue, il y aura une famine. Ce sont eux qui nous donne de la farine, de la nourriture et à boire », s’inquiète Bassam al-Masri, un habitant du nord de la bande de Gaza, réfugié à Rafah, dans l’extrême sud.  

Plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés, selon l’ONU, y sont massés contre la frontière fermée avec l’Égypte pour fuir l’avancée des troupes israéliennes.  

Côté israélien, dimanche matin, des manifestants exigeant que l’aide ne parvienne pas à Gaza tant que les otages ne sont pas libérés ont bloqué au point de passage de Kerem Shalom, près de Rafah, l’entrée de camions de matériel humanitaire.  

Dans un contexte régional explosif, trois militaires américains ont été tués et 25 blessés dans une attaque au drone en Jordanie, a annoncé dimanche Washington, désignant des groupes pro-Iran comme responsables.

C’est la première fois que des soldats américains sont tués au Moyen-Orient depuis le début de la guerre à Gaza, qui exacerbe les tensions sur fond de conflit larvé entre Israël et l’Iran.