(Kyiv) L’armée ukrainienne a dit lundi tenter d’« élargir » sa tête de pont sur la rive gauche du fleuve Dniepr, occupée par l’armée russe dans le sud du pays, malgré d’intenses attaques de l’ennemi sur cette position.  

« Les forces de défense ukrainiennes continuent leurs efforts visant à élargir leur tête de pont sur la rive gauche du fleuve Dnipro dans la région de Kherson », a affirmé l’état-major de l’armée dans son rapport matinal.  

« Malgré des pertes importantes, l’ennemi continue d’essayer de chasser nos unités de leurs positions », a ajouté l’état-major, faisant état de « huit opérations d’assaut » russes « ayant échoué » au cours de la journée précédente.

Les forces ukrainiennes – notamment deux brigades d’infanterie marine – s’efforcent depuis des mois de grignoter du terrain sur la rive gauche du fleuve Dniepr dans la région de Kherson, alors que l’ensemble du front est largement figé depuis fin 2022 et que les Russes sont à l’offensive dans plusieurs zones de l’Est.

Les Ukrainiens ont en particulier réussi à établir des positions près du village de Krynky et les maintiennent au moins depuis octobre dernier. Il s’agit, selon les analystes, de préparer de futures opérations plus importantes.  

L’Institute for the Study of War (ISW), centre de réflexion basé aux États-Unis, avait fait état de combats vendredi près de Krynky, tout en constatant l’absence de « changements confirmés » sur ce secteur du front.  

Dans l’Est, le ministère russe de la Défense a revendiqué lundi avoir pris le hameau de Tabaïvka près de Koupiansk, dans la région de Kharkiv.  

Un porte-parole de l’armée ukrainienne, Volodymyr Fitio, a démenti à la télévision la prise de cette localité assurant que des combats y sont toujours en cours.  

Les troupes de Moscou avaient occupé une partie considérable de la région frontalière de Kharkiv au début de leur invasion de l’Ukraine début 2022. À l’automne de la même année, l’armée russe avait été contrainte à une humiliante retraite de cette zone par une contre-offensive ukrainienne éclair.

Dans une nouvelle série d’attaques aériennes dans la nuit de dimanche à lundi, la Russie a elle tiré sur l’Ukraine huit drones explosifs, un missile balistique de type Iskander et trois missiles S-300, a affirmé de son côté sur Telegram l’armée de l’air ukrainienne.  

Les huit drones ont été abattus dans le sud, le centre-est et l’ouest du pays, à des centaines de kilomètres de la ligne de front, selon la même source.  

Moscou revendique la prise d’un hameau, Kyiv dément

L’armée russe a affirmé lundi avoir pris le contrôle d’un hameau ukrainien dans la région de Kharkiv (nord-est), ce que l’Ukraine a démenti, les deux armées bataillant pour chaque mètre carré sur un front largement figé depuis plus d’un an.

La localité de Tabaïvka, « dans la région de Kharkiv, a été libérée », a déclaré le ministère russe de la Défense sur Telegram.

Le hameau est situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Koupiansk, zone dans laquelle les forces russes sont à l’offensive depuis l’été.

Mais l’armée ukrainienne avait démenti un peu plus tôt cette prise, sans même attendre les déclarations officielles des autorités russes, la nouvelle ayant commencé à circuler la veille sur des chaînes Telegram.

« L’ennemi assure avoir capturé Tabaïvka, ce n’est pas vrai », a déclaré à la télévision ukrainienne un porte-parole des forces terrestres, Volodymyr Fitio.

« A l’heure actuelle, les combats sont toujours en cours », a-t-il ajouté.

Ces dernières semaines, Moscou a revendiqué la prise de plusieurs petites localités dans l’est et le nord-est de l’Ukraine.

Le 21 janvier, la Russie a ainsi affirmé s’être emparée d’un autre hameau de la région de Kharkiv, où vivaient 45 habitants avant le début de l’invasion de février 2022.

Cette localité se trouve à environ trois kilomètres au sud-est de Tabaïvka.

Ces annonces illustrent l’âpreté des combats dans la zone, même pour le contrôle de minuscules villages.

Mais la ligne de front reste quasiment inchangée depuis l’automne 2022, la contre-offensive ukrainienne très attendue s’étant soldée par une déception.

Le Kremlin, encouragé, présente cette mise en échec des forces ukrainiennes comme une victoire.

D’autant que l’Ukraine, qui manque déjà de munitions, doit gérer les hésitations de ses alliés occidentaux, de moins en moins disposés à dépenser sans compter pour l’aide militaire à Kyiv.