(Oujhorod) Une entrevue « constructive » : les ministres ukrainien et hongrois des Affaires étrangères se sont rencontrés lundi dans l’ouest de l’Ukraine pour tenter d’apaiser les tensions, à l’approche d’un sommet européen visant à débloquer l’aide à l’Ukraine à laquelle s’oppose Budapest.

« Je veux insister sur le point principal de cette conversation : la franchise, la sincérité et le caractère constructif », a déclaré Dmytro Kouleba durant une conférence de presse près d’Oujhorod, à l’issue d’une réunion de plus de six heures avec son homologue Peter Szijjarto.

Signe des relations difficiles entre les deux voisins, il s’agissait de la première visite du responsable hongrois en Ukraine depuis le lancement de l’offensive russe, alors qu’il s’est rendu à plusieurs reprises à Moscou.

Objectif : préparer une entrevue entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le premier ministre hongrois Viktor Orban afin de « trouver des solutions » à leurs différends, selon Kyiv.

« Une rencontre de haut niveau fait sens si elle peut déboucher sur des résultats concrets. Nous avons fait de premiers pas encourageants aujourd’hui, mais nous avons encore un long chemin à parcourir », a prévenu M. Szijjarto, tout en se disant « prêt à accomplir ce travail ».

Viktor Orban est le seul dirigeant européen à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin, tout en entretenant des relations compliquées avec l’Ukraine.

Droits des minorités

Il a bloqué en décembre le versement d’une aide de 50 milliards d’euros sur quatre ans à l’Ukraine. Des négociations sont en cours pour trouver un compromis à Bruxelles, où est prévu jeudi un sommet extraordinaire.

Aucun élément n’a filtré sur ce sujet, le ministre hongrois renvoyant aux tractations bruxelloises vu que « ce n’est pas une question bilatérale ».

La Hongrie s’est aussi démarquée de ses partenaires en refusant d’approuver l’ouverture par l’UE de négociations d’adhésion à l’Ukraine, quittant la salle au moment du vote mi-décembre.

Et M. Orban ne cesse de répéter que l’Ukraine ne peut gagner la guerre face à la Russie, plaidant pour des négociations de cessez-le-feu avec Moscou.

La querelle entre les deux pays n’est pas nouvelle et les relations diplomatiques s’étaient déjà envenimées avant l’invasion, parce que l’Ukraine a adopté depuis 2017 une série de mesures controversées, notamment sur l’enseignement de la langue ukrainienne.  

Dans un souci d’apaisement, Kyiv a récemment adopté une loi protégeant les droits des minorités en Ukraine, un pas salué lundi par Peter Szijjarto.

Une « commission spéciale » va être mise en place pour étudier les récriminations de Budapest et « mettre un point final » à ce dossier.  

Plus de 100 000 Magyars vivent en Transcarpatie, région de l’extrême ouest de l’Ukraine qui était sous contrôle de Budapest jusqu’à la Première Guerre mondiale.