(Bruxelles) L’Union européenne a reconnu mercredi qu’elle ne pourra pas livrer comme promis un million d’obus à l’Ukraine d’ici fin mars, mais a promis de faire mieux et d’atteindre cet objectif avant la fin 2024.

« Nous avons déjà livré 330 000 obus », a expliqué M. Borrell devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’UE à Bruxelles. « Je m’attends à ce que ce chiffre augmente de 200 000 obus » d’ici fin mars, soit « un peu plus de 52 % de l’objectif » fixé l’an dernier, a-t-il ajouté.

« Oui d’accord, le 31 mars, on n’aura pas le million », a-t-il lancé. Mais une « dynamique positive » a été créée, et ce chiffre sera dépassé d’ici la fin de l’année, avec 1,1 million d’obus pour l’Ukraine, a-t-il assuré.

L’Union européenne aura fin 2024 une capacité annuelle de production de quelque 1,4 million d’obus, a-t-il ajouté. Et cette capacité sera portée à deux millions en 2025, a affirmé de son côté mercredi le commissaire européen responsable de l’industrie de défense, Thierry Breton.

Mais une grande partie est exportée vers des pays tiers, au détriment de l’Ukraine en guerre, a reconnu cette semaine un haut responsable européen sous couvert d’anonymat.  

Contraindre l’industrie

Les Européens ont déjà fourni 28 milliards d’euros en aide militaire à l’Ukraine depuis l’invasion russe de ce pays le 24 février 2022. Et, a affirmé M. Borrell, plusieurs États membres se sont engagés à dépenser 21 milliards d’euros pour la seule année 2024.

Mercredi, les dirigeants allemands Olaf Scholz, néerlandais Mark Rutte, estonienne Kaja Kallas, tchèque Petr Fiala et danoise Mette Frederiksen ont appelé les Européens à « redoubler leurs efforts » pour s’assurer que le soutien militaire à l’Ukraine dure « aussi longtemps que nécessaire ».

« Nous devons donc trouver les moyens d’accélérer la livraison des munitions d’artillerie promises à l’Ukraine », ont-il écrit dans une lettre commune publiée par le quotidien Financial Times.

Plusieurs pays européens, dont la France, l’Italie ou l’Espagne, sont accusés de ne pas en faire assez pour aider l’armée ukrainienne. Paris, qui n’a pas signé cette lettre, s’en défend, et a annoncé en janvier une coalition sur l’artillerie pour mieux aider l’Ukraine.  

La discussion sur l’aide financière à l’Ukraine va reprendre jeudi à l’occasion d’un sommet extraordinaire des dirigeants de l’UE, convoqué pour tenter de convaincre la Hongrie de lever son veto à une enveloppe de 50 milliards d’euros sur quatre ans en faveur de Kyiv.

Ce sommet doit également discuter jeudi d’une augmentation du budget consacré spécifiquement à l’aide militaire à l’Ukraine. M. Borrell a proposé une enveloppe supplémentaire de cinq milliards d’euros, mais aucun accord n’est attendu cette semaine, selon plusieurs diplomates européens.