(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine s’est engagé mercredi à repousser les forces ukrainiennes afin de réduire la menace d’attaques sur son territoire, alors qu’il rencontrait des militants pendant sa campagne, à l’approche de l’élection présidentielle de mars qu’il est presque certain de remporter.

Interrogé sur les projets de campagne militaire en Ukraine, M. Poutine a déclaré que la ligne de contact devait être repoussée à « une telle distance de notre territoire qu’elle le mettra à l’abri de l’artillerie à longue portée fournie par l’Occident et que les autorités ukrainiennes utilisent pour bombarder des villes pacifiques. »

Il a ajouté que c’est exactement ce que fait l’armée russe, « repoussant l’ennemi des centres peuplés importants ».

« C’est la principale motivation de nos hommes qui se battent et risquent leur vie là-bas : protéger la patrie, protéger notre peuple », a-t-il ajouté.

L’Ukraine a récemment frappé l’intérieur de la Russie, dont une attaque lancée le 30 décembre contre la ville frontalière de Belgorod qui a tué 25 personnes et en a blessé plus de 100.

Selon Vladimir Poutine, les enquêteurs russes ont conclu que l’Ukraine avait utilisé les systèmes de défense aérienne Patriot fournis par les États-Unis pour abattre un avion de transport militaire russe dans la région de Belgorod le 24 janvier. Les autorités russes ont déclaré que l’accident avait tué les 74 personnes à bord, dont 65 prisonniers de guerre ukrainiens en route vers un échange.

Les autorités ukrainiennes n’ont pas nié la destruction de l’avion, mais n’en ont pas assumé la responsabilité et ont demandé une enquête internationale.

M. Poutine a lancé que la Russie non seulement accueillerait favorablement, mais « insisterait » pour qu’une enquête internationale soit menée sur ce qu’il a décrit comme un « crime » perpétré par l’Ukraine.

Le président russe, âgé de 71 ans, se présente comme candidat indépendant et s’appuie sur le contrôle strict du système politique qu’il a établi au cours de ses 24 ans au pouvoir.

Alors que ses opposants d’envergure sont emprisonnés ou vivent à l’étranger et que la plupart des médias indépendants ont été bannis, sa réélection lors du scrutin présidentiel prévu du 15 au 17 mars est pratiquement assurée.

« La Russie a été obligée de défendre ses intérêts, y compris par des moyens militaires », a déclaré M. Poutine lors de la réunion avec son équipe de campagne, affirmant qu’alors même que la rencontre avait lieu, les troupes russes avaient réalisé de nouveaux progrès aux abords de la ville d’Avdiivka, dans l’est de l’Ukraine.

« Nous traversons une période très difficile et importante pour le développement de notre pays, le renforcement de son indépendance et de sa souveraineté dans tous les domaines », a-t-il ajouté.

Dans le cadre d’une réforme constitutionnelle qu’il a conçue, Vladimir Poutine est éligible pour briguer deux mandats supplémentaires de six ans, lui permettant potentiellement de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Il est déjà le président qui a dirigé le pays le plus longtemps depuis le dictateur soviétique Joseph Staline, décédé en 1953.

Trois autres candidats désignés par des partis représentés au Parlement sont également en lice : Nikolai Kharitonov du Parti communiste, Léonid Sloutsky du parti nationaliste libéral-démocrate et Vladislav Davankov du Parti du nouveau peuple.

Les trois partis ont largement soutenu la politique du Kremlin. Nikolai Kharitonov s’était présenté contre Poutine en 2004, terminant loin derrière.

Un député d’une ville proche de Moscou, Boris Nadejdine, 60 ans, cherche également à se présenter. Il a ouvertement appelé à l’arrêt du conflit en Ukraine et à l’ouverture d’un dialogue avec l’Occident.

Des milliers de Russes à travers le pays ont signé des pétitions en faveur de la candidature de Boris Nadejdine, une manifestation inhabituelle de sympathie pour l’opposition dans un paysage politique strictement contrôlé. Mercredi, ce dernier a soumis 105 000 signatures à la Commission électorale centrale, qui devrait les examiner dans les prochains jours.