(Londres) Le gouvernement britannique a affirmé mercredi être parvenu à un « bon » accord avec les unionistes d’Irlande du Nord, pour mettre fin à leur boycottage des institutions locales et tourner ainsi la page de deux ans de blocage politique.  

Le Democratic Unionist Party (DUP), attaché farouchement à l’appartenance à la Couronne britannique, s’était retiré en février 2022 de l’exécutif et du parlement nord-irlandais, pour protester contre les nouvelles règles commerciales post-Brexit qui selon lui menaçaient la place de la province au sein du Royaume-Uni.

Mais le chef du DUP Jeffrey Donaldson a annoncé dans la nuit de lundi à mardi que son parti était prêt à participer au redémarrage des institutions grâce à des concessions présentées par Londres.

Après la publication de ces mesures, le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris a affirmé mercredi devant le Parlement de Londres que l’accord trouvé était « bon pour l’Irlande du Nord et pour l’Union ».

Il a qualifié les discussions entre son équipe et les partis politiques d’Irlande du Nord de « longues et nécessairement difficiles ».

Une fois l’accord adopté au Parlement britannique, l’assemblée locale nord-irlandaise devra se réunir pour élire un président, et nommer le premier ministre du futur gouvernement local.

Il devrait s’agir de Michelle O’Neill, vice-présidente du parti républicain Sinn Fein, grand vainqueur des élections locales en 2022, une première dans la province.

L’accord devrait réduire les contrôles et les formalités administratives pour les marchandises transportées depuis l’île de Grande-Bretagne vers l’Irlande du Nord, ligne rouge pour les unionistes.  

Bruxelles n’a pas réagi à ces mesures, qui pourraient remettre en cause les accords signés précédemment sur le casse-tête du statut post-Brexit de l’Irlande du Nord, où la paix reste fragile 25 ans après la fin des trois décennies de « Troubles » entre unionistes à majorité protestants et républicains nationalistes irlandais, surtout catholiques.

Mais le ministre a évoqué « une solution juridique commune avec l’Union européenne » sur les taux de droits de douane, laissant entendre que des discussions se sont tenues avec la Commission.  

Selon le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris, l’accord trouvé mardi ne nécessitera pas de renégociation avec Bruxelles. « L’alignement automatique sur la législation de l’UE ne s’appliquera plus », a-t-il fait valoir.

L’accord semble toutefois représenter une modification de l’accord-cadre de Windsor signé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en février 2023, qui maintenait l’Irlande du Nord au sein du marché unique de l’UE pour les marchandises.

Or, si tel est le cas, les changements devraient être approuvés par Bruxelles.

Le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, a déclaré au ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, lors d’un appel téléphonique mercredi, que les dirigeants de l’UE « analyseront attentivement les textes publiés aujourd’hui ».

Les deux hommes « se sont mis d’accord sur la grande importance de voir l’exécutif d’Irlande du Nord restauré et de répondre aux besoins du peuple d’Irlande du Nord », ont-ils ajouté dans une déclaration commune.

Depuis plus de deux ans, l’absence de Parlement et d’exécutif locaux, compétents sur de nombreux sujets comme l’éducation ou la santé, perturbent fortement les services publics dans la province.

Londres a promis une enveloppe de 3,3 milliards de livres (3,8 milliards d’euros) en faveur de la province une fois l’assemblée reformée.