(La Haye) Les espoirs du dirigeant d’extrême droite Geert Wilders de former un gouvernement majoritaire aux Pays-Bas se sont effondrés mardi, quand un parti clé des négociations de coalition s’est soudainement retiré en raison d’un différend sur les finances publiques.

Le Nouveau Contrat Social (NSC) de Pieter Omtzigt a annoncé qu’il en avait « terminé » avec ce cycle de négociations, ce qui rend impossible pour M. Wilders, vainqueur des élections, de former une majorité gouvernementale.

Le NSC a déclaré dans une lettre à ses membres qu’il resterait « constructif » dans les négociations mais semble exclure la possibilité de siéger dans un gouvernement majoritaire avec M. Wilders.

« Cela pourrait être un soutien constructif à un gouvernement minoritaire par exemple », a déclaré le parti.

M. Wilders a remporté les législatives en novembre avec un manifeste anti-islam, climato-sceptique et islamophobe, suscitant une onde de choc aux Pays-Bas et au-delà.

Mais, contrairement à ce qui se passe au Royaume-Uni par exemple, le chef du parti victorieux ne prend pas automatiquement les rênes du pays. Dans le système politique néerlandais très fragmenté, où aucun parti n’est assez fort pour gouverner seul, la sortie des urnes marque généralement le début de mois de tractations.

M. Wilders a entamé des négociations avec trois autres partis, mais sans le NSC et ses 20 sièges sur 150 au Parlement, il n’a aucune chance de former un gouvernement majoritaire.

M. Omtzigt avait déjà exprimé son désaccord sur des parties du manifeste de M. Wilders considérées comme anticonstitutionnelles, comme ses éléments anti-islam, mais aussi sur les projets de « Nexit », ou une sortie des Pays-Bas de l’UE.

« Incroyablement décevant », a écrit M. Wilders sur X.

« Les Pays-Bas veulent ce gouvernement et maintenant Pieter Omtzigt jette l’éponge alors que nous étions encore en pourparlers jusqu’à aujourd’hui. Je ne comprends pas du tout », a-t-il ajouté.

« Un peu surpris »

Ronald Plasterk, ancien ministre aujourd’hui chargé de superviser les négociations, doit rendre compte au Parlement au plus tard lundi de l’avancement des discussions.

Il s’est dit « un peu surpris » par cette décision soudaine, selon l’agence de presse néerlandaise ANP, ajoutant qu’il l’avait découvert via un simple message sur son téléphone.

Son bureau avait justement envoyé mardi soir un courriel aux journalistes disant que les quatre partis seraient à nouveau autour de la table mercredi – ce qui ne sera donc pas le cas.

Les présages n’étaient déjà pas positifs à l’approche de la date limite de lundi pour la publication du rapport très attendu de M. Plasterk.

« Nous avons un sérieux problème », avait averti M. Wilders sur X, après qu’un éventuel partenaire de la coalition avait permis, par son vote au Sénat, l’adoption d’une loi controversée sur l’immigration.

M. Wilders avait ensuite qualifié d’« aigrie » Dilan Yeşilgöz, cheffe du parti libéral de centre droit VVD, qui avait semblé le viser dans un discours.  

Bien qu’une réduction de quelque 17 milliards d’euros de dépenses apparaisse comme nécessaire, M. Wilders a promis des réductions d’impôts et aucune réduction majeure des dépenses, rendant furieux M. Omtzigt, réputé prudent en matière budgétaire.

« Promesses vides »

« Le NSC ne veut en aucun cas faire des promesses aux Néerlandais dont il sait d’avance qu’elles sont des promesses vides de sens qui ne pourront pas être tenues pendant le prochain mandat ministériel », a indiqué le parti dans sa lettre.

Mme Yeşilgöz et la dernière membre du quatuor des négociations, Caroline van der Plas, du parti pro-agriculteurs BBB, ont exprimé leur étonnement face à cette décision soudaine.

« Je suis très surprise. Nous avons eu des discussions constructives, même aujourd’hui », a déclaré Mme Yeşilgöz sur X.

Les Néerlandais sont habitués à ce que les négociations pour former un gouvernement durent longtemps – les dernières ont pris 271 jours – et Mark Rutte reste premier ministre jusqu’à un éventuel accord.

M. Wilders n’a pas hésité à évoquer de nouvelles élections si les pourparlers échouaient. Les derniers sondages suggèrent même une plus grande victoire pour le PVV, crédité de 50 sièges sur 150, contre 37 aujourd’hui.