(Madrid) Pays européen en première ligne face à la crise climatique, l’Espagne accumule les records de chaleur et a encore connu cette année son mois de janvier le plus chaud jamais enregistré.

« C’est officiel. Janvier a été le plus chaud de la série historique en Espagne », entamée en 1961, a déclaré mercredi le porte-parole de l’agence météorologique (Aemet), Rubén del Campo, sur le réseau social X.  

La température moyenne enregistrée le mois dernier en Espagne continentale (8,4 degrés) a dépassé de 2,4 degrés la moyenne habituelle et de 0,4 degré celle de 2016, dernier mois de janvier record.

Faute de neige, le début de la saison de ski a été retardé tandis que les plages ont fait le plein de baigneurs, avec des températures avoisinant les 30 degrés dans l’est du pays durant la dernière semaine de janvier. Une vague de chaleur digne du début de l’été et qualifiée d’« anomalie » par l’Aemet.  

Au total, près de 400 stations météorologiques du pays, soit près d’une sur deux, avaient vu les températures atteindre ou dépasser les 20 °C.

« Haut risque »

« Les Espagnols savent bien que le changement climatique est là, nous sommes clairement face à une situation à haut risque », a déclaré à la presse mercredi le ministre de l’Agriculture, Luis Planas.  

Des risques encore illustrés la semaine dernière par la déclaration d’« urgence sécheresse » en Catalogne (nord-est) où six millions d’habitants, en particulier à Barcelone et dans sa périphérie, sont soumis à de nouvelles restrictions d’eau.

Le niveau des réservoirs de cette région, qui stockent l’eau de pluie pour l’utiliser durant les mois plus secs, est tombé sous la barre des 16 %. Les périodes sans pluie ne sont pas atypiques dans cette région méditerranéenne, mais le déficit actuel de précipitations est inédit depuis le début des relevés en 1916.

Au point que les autorités envisagent un ravitaillement de Barcelone avec des bateaux-citernes à partir de juin, si la situation s’aggrave.

La situation est similaire en Andalousie (Sud), autre région d’Espagne frappée de plein fouet par la sécheresse et qui envisage d’introduire des restrictions sévères si la pluie ne vient pas, notamment à Séville et Malaga.

Série de records

PHOTO BY ANDER GILLENEA, PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Les plages ont fait le plein de baigneurs, avec des températures avoisinant les 30 degrés dans l’est du pays durant la dernière semaine de janvier.

Pourtant habituée aux fortes températures, l’Espagne est confrontée à des épisodes de chaleur de plus en plus nombreux et rapprochés, parfois en dehors des mois d’été, qui inquiètent les scientifiques.

Le pays avait ainsi déjà enregistré des températures inhabituellement élevées en décembre, avec une pointe à 29,9 °C à Malaga qui avait constitué un record national pour un mois de décembre.

Selon l’Aemet, la fréquence des épisodes de chaleur a triplé depuis dix ans dans le pays, en première ligne face au réchauffement climatique et dont 75 % du territoire présente ds risques désertification, selon l’ONU.  

La durée de l’été météorologique dans le pays s’est elle allongée de dix jours par décennie depuis les années 1980.

En 2022, année par ailleurs marquée par des incendies dévastateurs, l’Espagne avait connu son année la plus chaude depuis le début des relevés. Pour la première fois, la température moyenne annuelle avait dépassé les 15 °C.

Derrière 2022, les deux années les plus chaudes ont été 2017 et 2020.

L’an dernier, le printemps météorologique, allant du 1er mars au 31 mai, avait été le plus chaud jamais enregistré dans le pays avec une moyenne de 14,2 degrés. Un record dû à une vague de chaleur très précoce en avril où le mercure était monté jusqu’à 38,8 degrés à Cordoue (sud), du jamais vu à cette période de l’année en Espagne continentale.