(Kyiv) « Perfectionner » l’armée pour gagner la guerre : au lendemain de sa nomination à la tête des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky a fixé un plan « clair » pour repousser les Russes, alors que le chancelier allemand Olaf Scholz exhortait à Washington le Congrès américain à débloquer une aide pour l’Ukraine.

« Seuls le changement et le perfectionnement continu des moyens et méthodes de guerre nous permettront de réussir », a affirmé sur Telegram le général Syrsky, nouveau commandant en chef.

Il a été nommé jeudi à la place du très populaire général Valery Zaloujny, la présidence ukrainienne estimant qu’un changement était nécessaire après deux ans de guerre, alors que le front semble gelé.

Le président Volodymyr Zelensky lui a immédiatement réclamé un plan de bataille « réaliste » pour 2024, au moment où Kyiv s’inquiète de l’effritement du soutien occidental entraîné par des dissensions internes aux États-Unis et dans l’Union européenne.

En visite à Washington, le chancelier allemand Olaf Scholz a d’ailleurs exhorté le Congrès américain à débloquer « très rapidement » une aide à l’Ukraine.

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Le chancelier allemand Olaf Scholz

Il devait être reçu par le président américain Joe Biden vers 14 h 45 locales à la Maison-Blanche.

En campagne pour un second mandat, M. Biden négocie depuis des mois avec l’opposition républicaine un texte incluant une aide militaire à Kyiv de quelque 60 milliards de dollars.

En Ukraine, le nouveau commandant en chef, qualifié de « général le plus expérimenté d’Ukraine » par M. Zelensky, se donne pour priorité « de planifier de manière claire et détaillée les actions de tous les organes » pour permettre « la victoire ».

Il doit en particulier répondre à l’un des problèmes majeurs de Kyiv actuellement, le manque de munitions.

Le général, jusque-là chef des forces terrestres, a aussi assuré que limiter les pertes humaines était sa priorité, des soldats affirmant qu’il ne se souciait pas assez de la vie de ses hommes.

Défaite « impossible »

Ces changements n’ont pas entamé la détermination de la Russie, dont l’armée occupe environ 20 % du territoire ukrainien.

« Nous ne pensons pas que ce soit des facteurs qui peuvent changer le cours de l’opération militaire spéciale », a balayé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Lors d’un entretien avec le journaliste conservateur américain Tucker Carlson, le président russe Vladimir Poutine a lui-même assuré qu’une défaite russe en Ukraine était « impossible ».

« Ça n’arrivera jamais », a-t-il lancé, ragaillardi après une année 2023 marquée par l’échec de la contre-offensive de Kyiv.

La Russie avait elle aussi effectué plusieurs changements au sein de son état-major, notamment à la suite de l’humiliante retraite en septembre 2022 de ses troupes de la région de Kharkiv (Nord-Est), et après la mutinerie avortée du groupe Wagner en juin 2023.

Raffineries attaquées

Après bientôt deux ans de combats acharnés, l’Ukraine fait face à de nombreuses difficultés sur le front. Son armée manque de munitions, indispensables pour résister aux assauts russes qui, eux, se multiplient notamment à Avdiïvka, épicentre de la bataille.

L’armée de Kyiv se concentre ainsi sur l’attaque d’installations militaires et énergétiques sur le sol russe, un moyen de forcer l’armée de Moscou à retirer des hommes et des équipements du front vers les lignes arrières.

Vendredi, les services spéciaux ukrainiens ont ainsi revendiqué auprès de l’AFP avoir « frappé » deux raffineries de pétrole en Russie dans la région de Krasnodar (Sud) qui « fournissent du carburant aux troupes russes » engagées en Ukraine.

Les secours russes locaux ont reconnu l’existence d’un incendie sur celle d’Ilsky, sans toutefois faire de lien entre cet incident et les attaques de drones rapportées par le ministère russe de la Défense.

Et dans la région de Soumy, au nord-est de l’Ukraine, trois personnes ont été tuées et quatre blessées dans une frappe russe, a annoncé vendredi soir le ministre de l’Intérieur ukrainien.