(Helsinki) L’ancien premier ministre conservateur Alexander Stubb a remporté dimanche la présidentielle en Finlande avec 51,6 % des suffrages, dans un scrutin marqué par les tensions avec la Russie voisine depuis l’adhésion du pays à l’OTAN.

« C’est tout à fait incroyable qu’un pays de la taille de la Finlande puisse organiser des élections aussi justes et honnêtes dans ce contexte de politique de sécurité », s’est-il félicité devant ses partisans, après être passé saluer son rival Pekka Haavisto dans sa soirée électorale.

Doté de pouvoirs limités par rapport au premier ministre, le chef de l’État finlandais, élu pour six ans, dirige la politique étrangère du pays en étroite coopération avec le gouvernement. Il est également commandant suprême des forces armées.

Un rôle notable qui a encore pris de l’importance du fait des développements géopolitiques en Europe et de l’entrée dans l’OTAN de la Finlande, qui partage 1340 kilomètres de frontière avec la Russie.

« C’est la guerre en Europe et à Gaza. C’est important pour le président de la Finlande de garder la tête froide et de s’efforcer de maintenir la paix ici et d’œuvrer pour la paix ailleurs », a dit M. Stubb, 55 ans, à la télévision publique Yle.

Les résultats définitifs le créditent de 51,6 % des voix, contre 48,4 % pour M. Haavisto, ancien ministre des Affaires étrangères et membre des Verts, qui se présentait en indépendant. 70,7 % des quelque 4,3 millions d’électeurs se sont déplacés pour voter lors de ce second tour.

Le nouveau président doit prendre ses fonctions le 1er mars.

La Finlande, qui a repoussé une invasion soviétique à l’hiver 1939-1940, a évité pendant des décennies d’adhérer à l’OTAN par crainte de contrarier son géant voisin et est restée neutre pendant la Guerre froide. Mais leurs relations se sont considérablement détériorées depuis février 2022, et l’offensive russe en Ukraine a conduit la Finlande, inquiète pour sa sécurité, à rejoindre l’OTAN en avril 2023, au grand dam de Moscou qui a promis d’y répondre par des « contres-mesures ».

Fin août, la Finlande a fait face à un afflux de migrants à sa frontière orientale, accusant Moscou d’orchestrer une crise migratoire à ses portes. Helsinki a fermé sa frontière avec son voisin en novembre, une mesure soutenue par l’ensemble des candidats.

Renforcement des sanctions

« La situation politique internationale est très difficile pour nous en ce moment et je pense que nous avons vraiment besoin d’un président qui puisse travailler avec les différents partis politiques et qui puisse négocier », a expliqué à l’AFP une électrice, Maarit Tarkiainen, médecin de 46 ans.

PHOTO EMMI KORHONEN./LEHTIKUVA, FOURNIE PAR ASSOCIATED PRESS

Pekka Haavisto

Alexander Stubb, qui a toujours été partisan de l’entrée de son pays dans l’OTAN, est partisan d’un renforcement des sanctions face à la Russie.

« Le très fort soutien à l’Ukraine va absolument se poursuivre. Et la Russie va apparaître à l’agenda d’une manière ou d’une autre, en plus de la guerre », a estimé à l’AFP Hanna Ojanen, directrice de recherche en politique à l’Université de Tampere.

La différence majeure entre les deux candidats, tous deux libéraux, se jouait sur la question du stockage et du transport des armes nucléaires en Finlande.

Pour M. Stubb, son pays ne doit exclure « aucune partie » de la politique de dissuasion nucléaire de l’OTAN.

En 2022, le président sortant, Sauli Niinistö, élu en 2012 et réputé être le dirigeant européen en exercice à s’être entretenu le plus régulièrement avec Vladimir Poutine, l’avait contacté directement pour lui annoncer la décision d’adhérer à l’OTAN.  

« Je veux que (le prochain président) soit aussi bon que son prédécesseur », a jugé un habitant de la capitale, Joakim Björnström, 36 ans.

Pour Hanna Ojanen, l’expérience internationale de M. Stubb, qui a été eurodéputé et ministre des Affaires étrangères au cours de sa carrière, est un atout.

« À bien des égards, il sera expérimenté et compétent et je pense qu’il sera capable de gérer à la fois la coopération multilatérale et les relations bilatérales, ce qui est nécessaire, et il comprendra probablement aussi le tableau général de la politique étrangère et de sécurité », a-t-elle relevé.

Sa consœur, Theodora Helimaki, chercheuse en sciences politiques à l’université de Helsinki, estime que sa personnalité extravertie et son carnet d’adresses pourraient faire de lui « un président d’un genre un peu nouveau ».