(Istanbul) Des ONG et organisations professionnelles ont appelé mercredi à la fermeture de la mine d’or de Turquie où neuf mineurs sont toujours piégés après le glissement mardi d’une butte de terre qui pourrait être contaminée par du cyanure.

Les autorités estiment que cinq des mineurs piégés dans la mine d’or d’Iliç, à Erzincan (nord-est), seraient dans un conteneur, trois d’entre eux dans une voiture et un autre dans un camion, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya.

« Nos opérations de sauvetage continuent sans cesse », a-t-il ajouté.

Selon Basaran Aksu, du Syndicat indépendant des mineurs, les fumées de cyanure et le terrain boueux réduisent les chances de survie des mineurs et compliquent les efforts de sauvetage.

« Si un engin de chantier entrait dans la zone, il coulerait dans la boue. Pour les sauveteurs, il y a aussi un risque d’étouffement chimique », a-t-il expliqué à l’AFP.

« Cette situation réduit considérablement les chances de survie des personnes piégées et rend difficile leur sortie. Il ne semble pas possible qu’on puisse les retrouver rapidement », a-t-il ajouté.

« Fermez la mine »

Une butte formée par un empilement de terre retirée de la mine a dévalé mardi comme une coulée de lave dans une vallée du secteur, couvrant une large superficie et laissant neuf mineurs piégés.

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Selon des experts, la terre pourrait contenir du cyanure utilisé pour extraire l’or et représente un risque de pollution pour la région et l’Euphrate, le grand fleuve qui traverse la Turquie, la Syrie et l’Irak.

Le ministère de l’Environnement a annoncé de nouvelles mesures mercredi pour « empêcher des matériaux de se déverser dans l’Euphrate » et affirmé qu’aucune pollution n’a pour l’instant été détectée dans le fleuve.

« Non seulement notre nature et nos ressources sont massacrées, mais aussi nos vies », et la mine d’or d’Iliç « doit immédiatement être fermée », a affirmé mercredi l’Union des chambres des architectes et ingénieurs de Turquie dans un communiqué.

« Des millions de tonnes de déchets toxiques s’écoulent vers l’Euphrate. Fermer les vannes du fleuve ne suffit pas. Fermez la mine », a également réagi la Plateforme de l’environnement et de la nature d’Iliç.  

La Chambre des ingénieurs des mines de Turquie a de son côté dénoncé « une chaîne de négligences » ayant provoqué « une grande catastrophe environnementale ».

Ces appels ont été lancés alors que les espoirs de retrouver vivants ces mineurs s’amenuisent.  

Le ministre de l’Énergie Alparslan Bayraktar, arrivé dans la région après avoir écourté une visite officielle en Égypte où il accompagnait le président turc Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que la dernière inspection de la mine avait eu lieu en août.

« Nous enquêtons sur les causes de l’accident. Cela prendra du temps », a-t-il ajouté.

Employant 667 mineurs, la mine avait déjà fait la une des journaux en 2022 après une fuite de cyanure, incitant les autorités à suspendre brièvement ses opérations.

Elle avait rouvert après le paiement d’une amende, ce qui avait provoqué un tollé de l’opposition.  

« Malgré la fuite de cyanure, le permis de la mine n’a pas été retiré et sa capacité a été accrue. L’entreprise a bénéficié d’une protection judiciaire […]. Tout cela a pavé la voie au désastre », a fustigé mardi l’Ordre des médecins de Turquie.