(Madrid) La mort d’un pilote russe ayant fait défection pour l’Ukraine restait entourée de mystère mardi, les autorités espagnoles refusant de confirmer qu’un corps criblé de balles retrouvé dans une station balnéaire du pays était bien le sien.

Opposé au conflit en Ukraine, Maxime Kouzminov avait fait parler de lui en août dernier lorsqu’il avait déserté à bord d’un hélicoptère Mi-8 de l’armée russe et rallié le territoire sous contrôle ukrainien.

Parti d’une base dans la région de Koursk, il avait affirmé, dans une vidéo diffusée en septembre par le renseignement militaire ukrainien (GUR), avoir volé à une « altitude extrêmement faible, en mode silence radio » pour éviter d’être repéré.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole du GUR a confirmé mardi que le pilote était mort, mais sans vouloir donner de précisions sur le lieu, la date ou les circonstances de son décès.

Pour leur part, plusieurs médias espagnols affirment depuis lundi, en citant des sources proches de l’enquête, qu’un corps retrouvé criblé de balles le 13 février dans la station balnéaire de Villajoyosa (sud-est), située près d’Alicante, est celui du pilote russe.  

PHOTO RAFA ARJONES/INFORMACION.ES, VIA REUTERS

Des membres de la Garde civile espagnole enquête sur le meurtre d'un homme qui pourrait être Maxime Kouzminov.

Des informations qui n’ont pas été confirmées officiellement par les autorités espagnoles.

La Russie a rejeté à de nombreuses reprises des accusations d’assassinat ou de tentatives d’assassinat d’adversaires du Kremlin ou de transfuges, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

« Fausse identité »

En charge de l’enquête, la Garde civile espagnole a seulement indiqué à l’AFP « que l’identité qu’utilisait cette personne (assassinée) pouvait être fausse et qu’il pouvait s’agir d’un autre individu ».  

Elle a ajouté être en train de procéder à la vérification de son identité, ce qui pourrait prendre du temps, selon le ministère de l’Intérieur.

Pressée de s’exprimer sur cette affaire à l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement espagnol, Pilar Alegría, a demandé à la presse de « laisser la Garde civile faire son travail pour que l’enquête avance ».

Selon une source judiciaire, l’homme, assassiné de plusieurs balles à la sortie du stationnement d’un immeuble, avait des papiers d’identité correspondant à un Ukrainien de 33 ans.  

Son meurtre avait initialement été considéré comme un simple « règlement de comptes » dans une zone où la communauté russe est nombreuse, toujours selon cette source.

Les autorités avaient ensuite localisé dans une commune voisine sa voiture calcinée avec laquelle ses meurtriers se seraient enfuis, selon les médias.

Moscou salue la mort d’un « traître »

En août, Maxime Kouzminov avait dit avoir secrètement organisé sa défection pendant des mois avec les services ukrainiens et avait appelé d’autres militaires russes à faire de même.

Selon le GUR, les deux camarades l’accompagnant – qui n’étaient pas au courant de son projet – ont été tués par les forces ukrainiennes en essayant de s’enfuir après leur arrivée en Ukraine. Des médias russes pro-Kremlin ont accusé le pilote d’avoir abattu lui-même les deux hommes.

Moscou n’a pas tardé à se réjouir mardi des informations faisant état de sa mort.  

« Ce traître et criminel était devenu un cadavre moral dès le moment où il a planifié son abject et terrible crime », a déclaré le directeur du service des renseignements extérieurs russes (SVR), Sergueï Narychkine, cité par l’agence officielle TASS.

Il n’a toutefois pas confirmé ni infirmé une implication de la Russie dans cette mort.

Dans un reportage du mois d’octobre, la télévision d’État russe avait affirmé que les services spéciaux avaient été chargés de retrouver et de punir le pilote.